Tanguy, ce samedi, le Cavigal Nice ouvre une nouvelle page de son histoire, au niveau amateur, avec quelles forces ?
Nous allons continuer le travail entrepris avec les jeunes du centre de formation. Tout en leur demandant d’accélérer cette évolution en Nationale 2, puisque 80% de ce qui devient notre équipe première, est composée de garçons qui sont au club depuis six ou sept ans environ et qui ont connu toutes les catégories jeunes au Cavigal Nice au niveau championnat de France. C’est le point positif de cette catastrophe. Nous avons une base solide sur laquelle nous allons nous appuyer.
Le recrutement ?
A ce groupe, nous avons ajouté cinq recrues de l’extérieur. Mehdi Abidi, formé à Grasse, un jeune ailier droit de 22 ans. Ylan Augustine, tout jeune pivot de 18 ans (198 cm pour 94 kilos ; ndlr) qui nous vient de Martinique. Un arrière droit, de 24 ans, German Alberino, italo-argentin, qui évoluait en première division en Italie. Et enfin deux Espagnols de 23 et 22 ans. Ferran Cisneros, qui jouait dans son pays en deuxième division et qui peut évoluer à deux postes : arrière gauche et demi-centre. Ainsi qu’un solide arrière gauche (195 cm ; 96 kilos ; ndlr) qui jouait chez lui en Nationale 1, Adrian Ruiz Carpio.
L’objectif de cette première année ?
On ne part pas totalement dans l’inconnu. Nous avons l’ambition à minima de terminer dans les cinq premiers. Nous verrons si nous sommes bien placés au moment du sprint final. On sait que l’adversité sera rude et qu’il n’y a qu’une seule montée.
Que s’est-il passé pour en arriver à la disparition de la section professionnelle ?
Pour éviter de mettre le club en péril, nous avons séparé par une SAS (Société par actions simplifiées ; ndlr) les deux entités : la section amateur et le club professionnel. Car si tout cela ne devait pas fonctionner – et bien cela nous en a pris – il ne fallait pas que les deux coulent ensemble, ni même que la section amateur vienne boucher le trou du déficit de la société. Ce projet n’a finalement pas duré longtemps. Nous avons eu la subvention municipale, nos partenaires privés et des actionnaires devaient arriver pour monter un budget afin d’avoir tout ce qu’il fallait pour monter en première division. Alors nous avons signé nos quatorze contrats pros. La société a été créée en octobre et un mois plus tôt un premier partenaire est arrivé avec 200.000 euros. C’était lancé.
Mais rien ne s’est passé comme prévu…
Plus tard, en décembre, nous avons eu une promesse écrite de 150.000 euros d’une entreprise qui voulait s’implanter dans le sud de la France. Pas un simple coup de téléphone. Nous avons également eu une promesse écrite de 70.000 euros un peu plus tard. Au mois de mars, on s’est rendu compte qu’il en manquait. Alors, Mr Slassi, avec sa société Noèsis, a annoncé mettre 42.000 euros de sa poche. Arrivé au premier juin, personne n’a payé. Le temps est passé, rien. Nous ne pouvions plus honorer les salaires des joueurs qui sont partis un à un. Chacun a rapidement trouvé un nouveau contrat souvent en Nationale 1 ou à l’étranger, comme en Italie par exemple.
As-tu pensé abandonner ?
Patrick Berettoni et moi-même n’avons jamais eu l’idée de tout plaquer. Cette sensation n’est jamais arrivée à notre esprit. Il a fallu évacuer toute cette colère contre la personne qui a mené ce projet, Mr Slassi, mais aussi contre nous même nous n’aurions peut-être pas dû croire en ce projet là. Si on ne s’était pas jeté dans cette aventure, nous n’en serions pas là.
Qu’en est-il de la section professionnelle à l’heure actuelle ?
Maintenant, c’est son problème. Plus le nôtre. Sa société était détachée de notre association. Même si l’association a pris un petit coup financier car il a fallu relancer la machine, elle va bien ! Nous avons amortit l’onde de choc du tsunami.
Un retour en Nationale 1 ?
On y pense. Oui. Le Cavigal Nice est devenu un club reconnu. Il mérite de remonter rapidement. Nous allons tout faire pour. Peut-être pas remonter dès cette année, mais prochainement.
La position de la Mairie ?
Elle ne nous laissera pas tomber. C’est certain. Maintenant, il faudra voir si dans le temps, nous allons compter sur une subvention à la hauteur d’une Nationale 2, ou d’un autre niveau. Nous n’avons pas les mêmes objectifs que d’autres clubs niçois. Fred (Frédéric Meynard, Président du BTP Nice ; ndlr) n’a pas pour ambition de monter en Nationale 1. Il fait un très gros boulot, mais davantage sur la formation, c’est pour cela que nous avons créé une convention ensemble sur les U18. Eux sont plus portés sur l’Ouest de la ville et nous sur le Centre et l’Est. Nous sommes complémentaires chez les jeunes, adversaires en seniors et je n’ai aucun doute des difficultés que nous aurons en championnat Nationale 2 face à eux.
Les finances ?
Les discussions avec la Mairie vont rapidement arriver pour évoquer 2023. Et puis nous avons repris notre travail avec nos partenaires de zéro, tout en conservant beaucoup d’entre eux, qui nous suivent depuis plusieurs années. Nous partons sur une recherche de partenaires plus locaux : la proximité. Nous allons créer des événements avec eux, leur proposer des solutions pour leur offrir de la visibilité car pour le moment nous ne pouvons plus leur promettre de rayonnement national par notre intermédiaire. Nous allons beaucoup échanger. Il ne faut pas oublier que l’on sort à peine de la période difficile du Covid. Alors, sans pour autant qu’elles ne soient salariées, nous avons nommé deux personnes pour s’occuper de ce secteur commercial.
L’ambiance les soirs de match ?
Nous espérons que le public continuera de nous suivre à Pasteur. J’ai confiance. Le Cavigal Nice est ancré dans la passion de la ville et nous avons un public très jeune, où les parents viennent aussi. Ils seront là. Il est vrai qu’avec la deuxième division, nous jouions le vendredi soir et cela laissait à chacun le loisir de venir nous voir au début du week-end. Là, le samedi soir, ça sera peut-être différent. Mais chacun est attaché au club. Nous avons trois joueurs dans l’équipe Nationale 2 qui entraînent des équipes jeunes. Cela crée un vrai lien. Notre salle était certes désuète pour le monde professionnel, mais pour la Nationale 2, elle sera parfaite. Nous aurions aimé que la ville déclenche un projet de Palais des Sports pour les sports-co en salle : handball, volley et basket avec les filles qui, je l’espère, vont retrouver les sommets. Nous en parlions avec Didier (Dinart ; ndlr) lorsqu’il a rejoint le projet. Malheureusement, notre vie dans le monde professionnel n’a pas duré assez longtemps. J’espère que l’on redeviendra attractif.
Quelles sont aujourd’hui tes relations avec l’ancien sélectionneur des Bleus ?
On se connaissait déjà. A la fin des années 90, nous avons joué l’un contre l’autre. Il voulait connaître les coulisses d’un club. Il a toujours joué au haut niveau et il n’a connu que le fait de devoir gagner, gagner et encore gagner. Lui, voulait se former, dans une structure. Comprendre ce qu’il a derrière le terrain. Les rouages. Il est très déçu de la tournure des événements mais nous sommes en bons termes. Nous nous sommes au encore au téléphone il y a quelques semaines. Lui ne peut et ne pouvait pas faire grand chose. Mr Slassi avait tout entre ses mains et n’a pas tenu ses promesses.
Ton état d’esprit ?
C’est une nouvelle aventure mais nous voulons rejouer au niveau professionnel. J’ai passé huit ans à la tête de ce club et nous avons emmagasiné beaucoup d’expérience. Je ne me voyais pas partir alors que c’était la merde ! Nous allons rebondir grâce à nos jeunes et grâce à tous ceux qui sont attachés à nos couleurs. A commencé par notre duo d’entraîneurs de la Nationale 2 : Gérald Jean-Zéphirin et Cyril Parmentelot. C’est important pour nous de compter sur leur présence et leur investissement.
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