Coach, malheureusement, le plan financier du Cavigal s’assombrit…
Nous avons appris que la subvention exceptionnelle perçue pour la saison 2012-2013 n’allait pas être reconduite l’année prochaine. Si sportivement nous avons du mal à parler de montée en Pro D2, on en parle encore moins sur le plan financier. Chacun doit faire des efforts et la Mairie aimerait aussi que de notre côté on arrive à se professionnaliser : mais nous n’avons pas le budget. Administrativement, nous sommes face à un mur économique. Alors oui, il pourrait y avoir une démobilisation du coach, du staff, des joueurs, mais non. Le Cavigal porte des valeurs et elles sont pleinement en train de s’exprimer. Symboliquement, on espère terminer le championnat sur le podium. A cinq journées de la fin, nous sommes quatrièmes et on reste sur trois victoires consécutives : tout est possible. Mais pour monter il faut terminer premier : il n’y a pas de barrage.
Et vous n’êtes pas les seuls dans cette situation ?
Belfort aussi. Actuellement troisième juste devant nous, cette équipe a comme nous le niveau sportif pour monter en Pro D2, mais économiquement c’est impossible. Pour jouer en deuxième division il faut un budget minimum de 800.000 euros. Aujourd’hui, le Cavigal en est à peine à 500.000 euros. Dans la conjoncture actuelle, je ne me vois pas demander davantage aux collectivités. Et puis, je mets quiconque au défi de trouver comme ça 300.000 ou 400.000 euros. Nous avons une salle Pasteur qui est vieille, les télévisions ne viennent pas nous couvrir. Qui va venir investir chez nous dans ces conditions ? Personne !
L’arrivée depuis plusieurs années dans le paysage sportif des filles de l’OGC Nice Handball, qui jouent en LFH, fait-elle de l’ombre aux garçons du Cavigal ?
Non je ne pense pas. Aujourd’hui nous avons une Mairie qui parle handball. J’ai connu au siècle dernier une municipalité qui ne savait pas ce qu’était le handball et qui ne s’intéressait pas à nous. Aujourd’hui, elle a l’a volonté de voir Nice au plus haut niveau dans le monde du handball. Elle est ambitieuse et aimerait voir les filles rester en première division et voir les garçons monter en deuxième division pour faire du Palais des Sports la salle du hand azuréen connue de tous au niveau national dans le monde du handball. Il y a le volley à Cannes, le basket à Antibes et maintenant le handball à Nice. Mais le problème, c’est que le Cavigal n’est pas assez structuré à tous les niveaux. Je ne fais aucun reproche à personne. Je suis professionnel et les personnes qui m’entourent sont bénévoles. Je ne peux donc viser personne. Car lorsque vous êtes bénévole, vous êtes soumis à vos soucis familiaux par exemple. Et aujourd’hui, gérer un budget de 800.000 euros c’est impossible. Le Cavigal est un grand club semi-amateur : il nous manque tout. La marche à gravir est énorme.
Un point de non retour est-il à craindre ?
Le danger est là. Il ne faut pas oublier que le Cavigal a aujourd’hui un rapport qualité prix de très haut niveau. Nous avons des compétences élevées avec des petits salaires. Mais au bout d’un moment, si je m’épuise et si j’arrête… Nul est irremplaçable, mais le club sera en danger. Oui nous avons une formation et des formateurs de grande qualité. Le club a de la ressource mentale et beaucoup de forces. Nous avons des objectifs mais pour le moment c’est très frustrant car on sait qu’on ne peut pas y parvenir. A la fin de l’année il faut rendre des comptes. Alors oui on peut terminer premier du championnat, mais lorsqu’on passe devant la commission des finances de la fédération nous n’avons aucune chance de passer. Le club ne doit pas mourir. Nous avons une marge de manœuvre très faible. Si le budget venait à baisser légèrement, on va devoir laisser partir deux ou trois joueurs car je ne peux pas enlever des emplois au club. Un joueur s’il est bon va retrouver une équipe. Et avec des joueurs cadres en moins, qu’on ne peut pas remplacer, nous allons être en danger. On l’a vu en janvier lorsqu’on a connu une cascade de blessés : on a pas gagné un match. La différence est là par rapport à Villeurbanne (leader du groupe 2 de N1M). Moi je n’ai pas de turnover. J’utilise beaucoup mes cadres et pour certains depuis six ou sept ans. J’ai même des joueurs qui approchent de la barre des quarante ans. La aussi on peut nous critiquer mais que voulez vous faire. Des garçons du niveau de mes joueurs qui ont plus de 33 ans, je n’ai pas les moyens de les payer comme s’ils avaient 25 ans : c’est impossible.
La solution ?
Tout doit se passer en interne. Nous devons nous structurer sur le plan administratif. Il faut se développer sur tous les fronts. Il faut quelqu’un qui se consacre entièrement à trouver de l’argent comme je l’ai fait sur le plan amateur en me formant sur le tas. Il nous faut quelqu’un de spécialisé pour organiser tout cela. Quelqu’un qui a un gros carnet d’adresses. Nous, nous avons déjà des contrats avec des entreprises qui nous garantissent des emplois pour nos jeunes joueurs. Si on ne se professionnalise pas on ne pourra pas y arriver. Et puis, on peut toujours demander plus de subventions, mais si nous les avons et que la saison suivante elles disparaissent ? On sombrera.
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