Diego Vebobe (195 cm) ne connaîtra pas la Pro A avec Monaco. Non conservé après huit ans de bons et loyaux services, il va rebondir en Nationale 2 à Golfe-Juan. Il se livre sans détour.
Diego, ta non-prolongation à Monaco au moment de la montée en Pro A a ému et surpris beaucoup de monde…
Moi le premier. Je termine l’aventure à une petite marche de ce qui me manquait avec Monaco : la Pro A. Mais la direction en a décidé autrement, de façon un peu brutale. L’annonce ? Un petit coup de téléphone. Ça a duré une minute… Je suis un peu déçu. Mais c’est le côté ukrainien du bureau : le Président et le vice-Président. Le côté français, les anciens, voulait me garder. Mais ils ont un autre projet. Une autre stratégie.
Tu étais l’âme de cette équipe…
Je suis arrivé il y a huit ans alors que le club était en Nationale 2. On y vécu au début des saisons difficiles pour le maintien. Après, Jean-Michel Sénégal est arrivé pour donner une autre ampleur au projet. Après, le nouveau Président a mis les moyens également…
Monaco a vécu une saison rocambolesque en interne, avec notamment l’éviction de Savo Vusevic en cours d’année et pourtant le titre est là…
Nous avons eu la chance d’avoir un groupe solide. Il s’est passé beaucoup de choses en interne. Ce n’était pas facile de rester concentré sur le sportif. Mais on est resté soudé. C’est à double tranchant dans ces moments là : soit ça uni le groupe, soit ça explose. On a été costaud pour rester ensemble et tout faire pour atteindre l’objectif. C’est une belle saison sur le plan sportif malgré les agitations.
Difficile de composer avec la nouvelle direction ?
Ce sont des gens qui ont tous les pouvoirs. D’un côté c’est normal quand une seule personne met sur la table 80% du budget. Ils prennent les décisions et elles sont du coup difficilement contestables. Ca plait ou pas, mais c’est comme ça. Il fallait subir ce qu’il y avait à subir et se serrer les coudes. Ce ne sont pas les mêmes méthodes de travail qu’en France. Il y a moins de côté humain : pas de cadeau. C’est le business avant tout : pas d’affectif.
Ce sentiment que tu évoques n’a pourtant jamais quitté le vestiaire…
C’est l’avantage d’avoir un groupe costaud. On est allé chercher certains matchs : ça aide. On est resté soudé et uni. On a eu une période difficile en janvier avec trois défaites consécutives mais le groupe n’a pas explosé. On a su repartir de l’avant en réalisant des petites séries avec une défaite ici et là. Chacun est resté cohérent pour finir fort l’année et revenir sur le HTV. Nous n’avions pas le droit à l’erreur.
Malgré cette fin, quels sont tes vœux pour Monaco ?
Je lui souhaite le meilleur. Pour ce qui est des gars avec qui j’y ai joué, je ne sais pas combien vont rester… Mais je souhaite le meilleur au club. La Principauté se doit d’avoir une équipe en première division. Au club maintenant d’aller le plus haut possible et jouer l’Euroligue. J’ai été très bien traité pendant ces huit années. Je ne regrette rien et je ne suis pas aigri du tout. C’était écrit comme ça que je ne devais pas faire cette dernière année. Je n’ai pas de regret. Je termine à Monaco sur un trophée : la meilleure manière de partir. Si… mon seul regret est de ne pas avoir pu dire au revoir au public. Mais je remercie tous les gens qui m’ont soutenu pendant ces huit ans. J’ai vécu une aventure magnifique avec Monaco. Ce sera gravé à jamais. Je suis content, tout simplement. J’espère que Monaco va se pérenniser en Pro A. Trouver une certaine stabilité mais pas dans une ambiance totalitaire non plus.
Tu vas donc rebondir au niveau amateur, en Nationale 2, à Golfe-Juan. Pourquoi ?
Cela s’est fait très rapidement. J’ai eu deux ou trois discussions avec des clubs des alentours mais mon choix était déjà fait. Mais il fallait quand même une disponibilité dans le groupe. Tout le monde s’attendait à ce que je reste à Monaco. Ca s’est fait sur le tard : on a trouvé un arrangement financier. Je suis content d’y retourner. J’y ai vécu trois belles années avant Monaco. C’est le choix le plus cohérent : j’ai encore quatre ou cinq années devant moi. C’est un club familiale comme je les aime. Un plaisir de retourner sur ce terrain en plus je connais déjà pas mal de joueurs.
Ta relation avec l’entraîneur ?
Brice Tardevet est un coach que je connais depuis gamin, même si je ne l’ai jamais eu comme entraîneur. Nous avons la même vision des choses. J’ai tout de suite adhéré avec plaisir. Le but est d’être ambitieux, de gagner un maximum et de voir en fin de saison ce qui est jouable ou non.
Le groupe que tu vas retrouver ?
C’est une équipe solide. Je pensais qu’ils allaient mieux faire cette saison (6e à deux victoires du top 5 ; ndlr) mais ils n’ont pas réussi à l’extérieur (Seulement 3 victoires ; ndlr). Ça a été leur problème. Mais c’est costaud : Marco, Benett, Badiane, Trifogli, Vullin etc… Il y a de gros shooteurs et ça sait jouer au basket. Je suis heureux de rejoindre ce groupe.
Tu viens tout juste d’avoir 33 ans, tu as encore quelques années devant toi, alors pourquoi signer en Nationale 2 ? Tu n’avais aucune proposition en Nationale 1 ou Pro B ?
En faite c’est un choix de carrière qui remonte à il y a longtemps. Lorsque je suis rentré des Etats-Unis, j’ai joué à Antibes et je me suis blessé. Je n’ai pas été conservé. J’ai pris un coup sur la tête alors j’ai fait des études et j’ai décidé de jouer au basket pour le plaisir en abandonnant le côté professionnel de ce sport. Alors j’ai toujours travaillé à côté, je suis dans l’immobilier. En faite, quand je suis arrivé à Monaco en Nationale 2, je ne savais pas du tout que huit ans plus tard j’allais jouer en Pro B et passer proche de la Pro A. Ce n’était pas un objectif. Je n’ai pas basé ma carrière sur le fait de devenir professionnel. Je n’ai pas d’agent et je ne voulais pas partir des Alpes-Maritimes. Certains peuvent évoquer un manque d’ambition mais c’est mon choix de vie, mon choix de carrière.
(Crédit photo : ASMB)
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