Après plusieurs années de travail, la Niçoise Marie Temin a décroché son classement WTA. Un long chemin qui, elle l’espère, ne fait que commencer. Direction le top 500 ?
Des points, des jeux, des sets, des matchs, des semaines, des mois à lutter pour une chose : inscrire son nom à la WTA. Marie Temin, 23 ans, est une jeune femme qui a trouvé un épanouissement sportif cette année. Dans le tennis féminin pour être classée, une seule victoire à un premier tour d’un tournoi ne suffit pas. Il faut réaliser cette performance à trois reprises sur douze mois et donc marquer au minimum trois points. Vous pouvez gagner un tournoi, vous ne serez pas classée tant que vous n’aurez pas décroché deux autres victoires minimum sur deux tournois différents. Le premier tiers du parcours, elle va le réaliser sur un premier 10.000$ en Italie début avril. Après avoir gagné ses deux matchs de qualifications, elle atteint les quarts de finale en battant notamment une Italienne bien ancrée dans le Top 500. Au début de l’été, en Belgique, sur un autre 10.000$, rebelote. Cette fois, c’est trois victoires en qualifications et un huitième de finale.
Le grand moment va arriver le mardi 6 octobre en fin de matinée sur un 10.000$ en Italie. Après deux victoires en qualifications, elle affronte la Japonaise Midori Yamamoto. Un succès 6-2 6-2. « C’était un match plutôt bizarre », se souvient-elle pour www.magsport06.fr. « Je n’ai vraiment pas bien joué. Peut-être parce que je pensais beaucoup au résultat final. Car, comme on dit souvient, c’est le dernier point le plus important. Mais j’ai réussi à m’en sortir malgré une tension, un peu inutile, mais présente car il y avait un peu d’enjeu. Heureusement, c’est passé. » Les bons résultats vont continuer et au final, ce sont huit points qu’elle va cumuler et une place actuelle de 1045e. « Je suis assez contente d’avoir réussi à confirmer ces fameux points. J’ai le sentiment d’avoir bien joué, même si je suis passée à côté de quelques matchs où j’aurai pu prendre un peu plus de points. Mais l’objectif était de finir la saison avec un classement. Avant cette tournée de trois 10.000$ à Santa Margherita di Pula en octobre, j’avais l’idée de prendre un ou deux points et si j’en prenais plus, tant mieux, mais je ne me suis pas mise de pression. J’ai fait une très bonne saison donc j’étais plutôt confiance. J’avais envie de tout faire pour prendre ce dernier point. »
« Roland, une expérience de dingue »
Sa saison ne s’est pas uniquement résumée au circuit. Durant l’été, elle est devenue vice-championne de France 2e Série en réalisant un superbe tournoi sur le site de Roland-Garros. « Je ne pensais jamais arriver à ce stade de la compétition. Surtout que la veille de mon départ pour le championnat, j’avais le mariage de mon frère. Sincèrement je pensais passer un ou deux tours. C’était la première année que j’y allais. J’y suis allée en me disant que je faisais partie des moins bien classées, donc que je devais jouer, en me faisant plaisir et on verra… Et finalement ça a plutôt bien marché. Même si je suis un peu déçu de ne pas être allée au bout, je suis heureuse de voir que j’ai le niveau pour battre des filles de ce niveau-là. Il faut juste y aller sans penser au futur. Simplement profiter du moment présent. Etre là, à Roland, c’est vraiment une expérience de dingue, je suis contente d’être arrivée là aujourd’hui car je suis passé par des moments pas très faciles au début de l’été. »
En effet, Temin a vécu des jours difficiles avec le décès de sa grand-mère. « Je ne voulais pas y aller. Mais elle m’a dit de le faire et j’ai bien fait. » Un moment grave dans sa vie, suivi d’une grande réussite sportive, qui l’ont fait évoluer. « Depuis ce moment assez difficile je pense au moment présent, de m’amuser et me faire plaisir sur un court et ça marche. Bon, on va dire que maintenant j’ai une bonne étoile et elle m’aide énormément avant et pendant mes matchs. Comme je dis c’est mon petit porte bonheur. C’est grâce à cette « elle » que j’arrive à trouver la force de continuer. Car plus d’une fois j’ai voulu tout arrêter » On se souvient notamment d’un message posté sur Facebook par la joueuse, révélateur d’une lassitude après une énième défaite, datant du 12 mars 2014. « Essayer échouer, essayer échouer, essayé encore échouer encore… Je pense qu’on bout d’un moment il faut arrêter d’essayer et passer à autre chose !!! »
Elle s’explique. « Je suis passée par des blessures récurrentes pendant deux ans, j’avais envie de tout arrêter, me mettre à fond dans les études et c’est tout. Mais ma famille m’a poussé et au fond de moi je n’avais pas vraiment envie de tout arrêter pour après être déçue. Alors une petite année de plus et surtout sans blessure : ça fait longtemps que ça ne m’étais pas arrivé sur une saison entière. C’est un sport de fou, impossible d’arrêter, on veut essayer d’aller encore plus loin que ce que l’on peut. » Elle va donc se lancer en 2016 dans sa première saison où, pour ne rien regretter, elle ne va penser qu’au tennis, toujours dans la structure de Diego Nargiso à San Remo. « On est une petite structure mais avec des bons joueurs. Il y a trois joueurs classés entre la 250e et la 400e place mondiale. On est pas beaucoup de filles, trois exactement. Mais au moins, on a des entraînements bien personnalisés. Je préfère ça, plutôt qu’être dans une usine. »
« L’objectif est d’être top 500 »
Ainsi, elle aspire à continuer à progresser pour grimper encore et s’offrir une nouvelle carrière. « Après la saison que je viens de faire, oui j’ai envie d’essayer. J’ai envie de voir jusqu’où je peux aller. Je sais que si je fais une bonne préparation hivernale, je peux bien jouer – surtout si je ne me blesse pas – donc qui ne tente rien n’a rien. On remet l’objectif à zéro et on recommence par une bonne préparation foncière. » En tournoi, pour être dans les meilleures conditions, Temin se déplace avec sa jeune cadette de 18 ans, Vinciane Remy. « On joue ensemble en match par équipes, donc on a décidé d’essayer le double en tournoi. Maintenant elle s’entraine avec moi, donc c’est plus simple car on a la même programmation et donc on jouera encore plus ensemble l’année prochaine. On voyage souvent que toutes les deux sans entraineur. Pour nous c’est important d’avoir quelqu’un au bord du court. On s’apporte énormément pendant nos matchs, on se pousse mutuellement. »
Sa préparation a débuté il y a cinq semaines. De l’entraînement, associé aux matchs par équipes. Elle se poursuivra pendant deux ou trois semaines en janvier car le retour à la compétition est prévu pour la première semaine de février, sur le 25.000$ de Grenoble. Derrière, elle ira à Majorque sur terre battue, pour des 10.000$. « Tout se passe bien. On bosse beaucoup pour essayer d’arriver bien en forme dès les premiers tournois, pour bien commencer la saison. L’objectif est de prendre le plus de points rapidement pour essayer d’être vers la 700e place pour commencer et ensuite l’objectif est d’être top 500. Pour l’instant, aucun problème physique, je me sens bien. »
(Crédit photo : FFT)
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