Jean-Christophe Donzion, entraîneur historique de la N3M de Mandelieu évoque la situation de son équipe mais aussi ses inquiétudes concernant l’avenir avec toujours une ligne optimiste.
Coach, depuis plusieurs semaines , comment essayes-tu de t’organiser avec ton groupe ?
Depuis le couvre-feu de 18h et bien entendu encore plus depuis le confinement du week-end, le contact est réduit au minimum. On attend. On se parle bien entendu, mais pour se voir, c’est devenu presque impossible. Jusqu’au mois de février nous arrivions à nous regrouper à quatre ou cinq pour aller courir ou profiter d’une séance de beach même si nous étions tributaires du mauvais temps. Mais depuis quelques semaines, nous sommes simplement dans l’attente.
On risque, au fil du temps, d’avoir une disparité physique entre les joueurs ?
Le souci est que, dans chaque groupe, tous les coachs vous le diront, il y a deux types de garçons. Ceux qui sont des sportifs dans l’âme qui, même en période de pandémie, vont toujours trouver des alternatives pour faire du sport et découvrir de nouvelles activités. Pour ceux-là, je ne me fais pas de souci pour la reprise, ils auront conservé un minimum de condition physique. Et puis, il y a les autres. Notamment ceux qui cumulent à la fois la vie professionnelle avec la vie de famille, notamment l’éducation d’enfant en bas âge. Ceux-là, ils font du sport, en temps normal, environ trois fois par semaine : deux entraînements et le match. Mais quand tu as un couvre-feu et un en plus un week-end confiné, ce n’est pas évident de se lever le dimanche matin pour aller courir et personne ne peut leur en vouloir quand les salles sont fermées pour les seniors depuis six mois maintenant.
Et ce sont justement pour ces joueurs et joueuses là qu’il ne faudra prendre aucun risque ?
Oui. Il faudra les surveiller de près. Mais nous ne sommes pas des pros qui eux ont un staff derrière leur dos pour faire attention à toi si toi-même tu ne le fais pas. Là, ces garçons-là, qui sont potentiellement en plus passés entre mars 2020 et septembre 2021 de 32 à 34 ans, ce qui n’est pas à négliger, la reprise sera difficile. Leur corps, depuis quinze saisons, est habitué à faire du sport de façon assez intense dix mois dans l’année. Là, on ne voit pas un avenir clair se profiler et la reprise risque d’être terrible.
Nous sommes le 16 mars et la FFVB n’a toujours pas communiqué sur un arrêt des saisons amateurs. Du coup faut -il toujours garder l’œil ouvert sur un retour des matchs ?
Bien entendu que, moi le premier, tout le monde veut jouer et reprendre ! On attend que ça. Mais pour l’instant, même si, il faut être réaliste ça n’a que peu de chance d’arriver, on a toujours un championnat de prévu ! La FFVB, pour notre division, a modulé un calendrier se basant uniquement sur une phase aller. Mandelieu reprendrait à Cagnes-sur-Mer le 18 avril. Pourquoi pas, mais si on ne peut pas s’entraîner, cela est utopique. Reprendre oui, mais pas pour les mauvaises raisons. On a conscience qu’il y a beaucoup de choses en jeu dans les bureaux, mais il faut avant tout penser aux corps. On est à l’arrêt depuis six mois ! Donc dans les têtes, on reste un temps soit peu concerné car, contrairement au rugby ou au handball, nous, on ne nous a toujours pas annoncé l’arrêt définitif des championnats amateurs, mais je pense qu’il faudrait mieux partir dans les corps et dans les têtes sur une reprise progressive sur cinq mois jusqu’à août.
L’idéal serait de prendre les entraînements en salle en mai et pourquoi pas des oppositions face à des voisins avant le mois de juillet ?
Si on peut oui, car sur un match amical, le risque de blessure est moindre. Si on peut s’entraîner en mai, on ne sera pas à 100% en juin pour des oppositions, mais à chaque toute petite alerte, le joueur pourra se stopper pour ne prendre aucun risque. Alors que si on nous dit de reprendre le championnat, avec l’adrénaline et l’envie de gagner à tout pris, on risque, sur un plan physique, d’aller dans le mur !
Il y a deux ans, Mandelieu a disputé un match de barrage pour monter en Nationale 2. Malheureusement, depuis, avec cette crise, il y a eu peu de place pour prolonger cette vague positive ?
C’est dommage car il n’y a pas eu vraiment de continuité dans la dynamique. Les dernières semaines avant le premier confinement ont été plus difficiles, mais ce n’est pas bien grave, j’avais recruté l’été dernier, en intégrant notamment trois jeunes du club dans le groupe et on avait l’ambition comme chaque année de jouer le podium. Mais depuis un an et un match joué (Gagné 25-19 25-15 25-16 le 26 septembre à domicile contre Marignane ; ndlr) on ne peut pas prouver ce qu’on sait faire. Mais je sais que j’ai une bonne équipe, qui tient la route, avec de bons mecs. On attend l’annonce – ou non – de l’arrêt de la saison pour définitivement se tourner vers la saison prochaine, là, c’est encore un peu tôt. On patiente.
(Crédit photo : Michael Toffolo)
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