Morad Diouani quitte l’US Cagnes après une saison sur le banc de l’ERM puis une à entraîner la NM3. S’il garde les bons moments, il ressort de cette expérience avec un goût amer.
Morad, pourquoi as-tu décidé de ne pas prolonger l’aventure à Cagnes-sur-Mer ?
Ma décision est prise depuis début mars. Voilà maintenant deux saisons que je suis arrivé dans les Alpes-Maritimes. C’est encore un milieu que je connais peu. L’an passé, déjà à Cagnes-sur-Mer, j’ai entraîné la réserve en Excellence Régionale Masculine. Mais ce n’est pas la même chose. La lecture et la visibilité du club sont différentes. Cette saison, en entraînant l’équipe première en Nationale 3, j’ai pu clairement tout voir et baigner dans le fonctionnement cagnois. Moi, je ne sais pas faire semblant. Tout ne me convient pas forcément. Peut-être aussi que mon fonctionnement ne leur convient pas non plus.
Tout n’a pas été simplement visiblement…
Il y a eu des bons et des mauvais moments. Des émotions différentes. La mauvaise période que nous avons passé a été dur à vivre. Surtout après notre gros début de saison où on gagne quatre matchs consécutivement. On a surpris. Personne ne nous voyait là au début. On a mis la barre haute et ensuite, à cause de plusieurs éléments, tout s’est petit à petit écroulé. La première défaite contre le Smuc, alors qu’on mène de 25 points à la mi-temps, a fait mal au mental.
L’effectif a peiné à se relever ?
J’avais un groupe expérimenté avec plusieurs garçons qui tournent à trente ans. On a traversé un moment de doute et à partir du moment où le mental a flanché, on a perdu notre efficacité, notamment à trois points, puisqu’on a de gros shooteurs. Le mental a été friable tout au long de la saison. Notre seul adversaire, c’était nous même. Après j’ai eu des blessés mais ça, comme à Menton notamment, c’est le cas de tous les coachs. Mais, lorsque les résultats ont commencé à décliner, le regard du club et la relation avec le club ont changé.
« Des personnes de l’ombre nuisent au club »
C’est à dire ?
Ce que je reproche à ce club, c’est le manque de discution. Il y a beaucoup de non-dits. On entend, mais on ne dit pas. Dans les moments difficiles tu n’as pas toujours le sentiment d’être soutenu. Mais je ne jette pas la pierre au Président Kamel Meflah. J’ai toujours eu sa confiance. Malgré ce qui s’est passé, nous avons toujours eu de bonnes relations et je pars en bonnes relations avec lui. Je le respecte. Mais je ne respecte pas d’autres personnes qu’on ne voit pas et qui agissent indirectement au club. Des personnes de l’ombre et qui nuisent au club.
Humainement, comme a vécu le groupe ?
Il y a eu quelques tensions avec les joueurs. C’est toujours problématique mais malgré tout le groupe vit bien ensemble. Ce sont des garçons qui se connaissent depuis plusieurs années. C’est une qualité, mais aussi un défaut car, quand ça va mal sur le terrain et qu’il faut se dire les choses et bien paradoxalement ils ont du mal à se dire les choses. Pour la plupart, c’est un bon groupe de copains. Mais, de part sa composition, il y a toujours quelques relations conflictuelles. Cette saison, pour moi, c’était 50% de basket et 50% de gestion.
Toi qui est nouveau ici, quel est ton avis sur le basket maralpin ?
C’est du bon basket. Ici c’est énormément orienté vers l’attaque et pas du tout sur la défense. Les joueurs sont très expérimentés avec beaucoup d’anciens professionnels. Dans mon équipe, malgré les difficultés, j’ai vraiment des gars qui en valaient le coup. Ils donnaient envie d’être encore présent et de s’investir à fond. Des mecs qui ont des valeurs. C’est motivant et ça encourage.
« Je me remet en question »
Avec cinq équipes du département dans un même championnat, les derbies étaient nombreux…
Des supers matchs et je me suis rendu compte, avec du recul, que tous les joueurs se connaissent, s’apprécient beaucoup et attendent tous de jouer ces matchs. Une vraie fête pour eux de jouer les uns contre les autres. Au contraire, pour les dirigeants, ces matchs ont une connotation plus sombre. L’importance est différente pour eux. Je l’ai ressenti comme ça.
Vas-tu essayé de rebondir dès la saison prochaine ?
Evidemment. Je reste un passionné de basket. J’ai été salarié grâce au basket pendant plusieurs années avant d’arriver ici. J’ai encore envie de coacher. J’ai vécu une saison difficile à gérer à tout point de vue. Je me remets en question pour ce qui est du résultat c’est certain. Je suis un éternel insatisfait. Bien entendu, je fais mon auto-critique, mais à aucun moment je ne remets en cause mes compétences personnelles et mon futur investissement dans un autre club.
Des contacts ?
Je suis ici depuis trop peu de temps. Je ne connais que très peu de monde. Je n’ai pas de contact avec les clubs, simplement ceux contre qui j’ai pu jouer. Mais pour le moment, c’est encore un peu tôt pour parler de contact. Maintenant que l’annonce officielle de mon départ de Cagnes-sur-Mer est là, les choses devraient bouger. J’ai toute la fin de saison pour préparer mon année et prendre mon temps pour faire le bon choix. J’attends simplement un club avec un projet sportif cohérent et des bases solides. Un club droit.
(Crédit photo : US Cagnes-sur-Mer Basket)
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