Christophe Boggetti, qui êtes-vous ?
Je travaille au Monte Carlo Country Club avec deux fonctions. La première est celle de DTN. Je mets en place tous les entraînements des débutants aux professionnels. Et depuis deux ans, je suis le capitaine de l’équipe de Coupe Davis de Monaco : une équipe de trentenaires.
Où en est Jean-René Lisnard physiquement ?
En 2003, il a atteint le top 100 ATP avec une place de 84e. Aujourd’hui, à trente trois ans, il a arrêté sa carrière sur le circuit. Fin 2010, il était retombé à la 1172e place. Une méningite contractée lors d’une manche de Coupe Davis en Finlande est passée par là. Il l’a bien soignée et il a repris l’entraînement. La trentaine passée, son objectif était de revenir dans le top 150. Malheureusement, après être revenu 357e fin 2011, il a commencé à ressentir une douleur à la hanche qui ne l’a plus quitté. Finalement, après un dernier match contre Troicki au Masters 1000 de Monte-Carlo, il a décidé d’arrêter : il ne pouvait plus tenir et enchaîner les matchs et les entraînements.
Que fait-il aujourd’hui ?
Il est devenu coach de joueurs. Et puis, il se libère toujours les semaines de Coupe Davis où nous avons besoin de lui pour son niveau et son expérience. Il est aussi sparring partner de Caroline Wozniacki. D’ailleurs, Jean-René est en ce moment à Indian Wells : Caroline est en finale contre Sharapova.
Benjamin Balleret ?
Il vient d’avoir trente ans et est aujourd’hui 585e mondial. Son meilleur rang date de 2006 avec une place de 204e. Il a passé trois semaines en Floride en début d’année. Il a atteint la finale du USA F2 en janvier, seulement battu par Ginepri. Récemment il était en Croatie pour l’ITF d’Umag. Mais tout ne s’est pas très bien déroulé. Il a été éliminé au premier tour en deux sets par un Italien. Il se sentait seul là bas et il est tombé malade. Il pleuvait tous les jours : ce n’était pas drôle pour lui. Et puis, il se ressent d’une douleur au genou : nous allons nous occuper de cela.
Guillaume Couillard ?
C’est un garçon atypique. Il a 37 ans et est professeur de tennis à la fédération à plein temps. Ce qui est admirable, c’est qu’en simple et surtout en double il parvient à conserver de très belles qualités d’endurance et de résistance. Il parvient vraiment à tenir sa place.
Et enfin Thomas Oger ?
A bientôt 33 ans, il a été 249e mondial en 2007. Aujourd’hui retombé 1300e, il pense à sa reconversion et veux passer le monitorat de tennis. Malgré tout, il continue à prendre part à des tournois français. Il a arrêté ceux à l’étranger : c’était beaucoup trop coûteux financièrement. C’est notre quatrième homme.
Vous vous attentiez à sortir la Biélorussie ?
Je savais qu’il fallait se surpasser et que ce serait très dur. Souvent lors d’un match on se dit qu’il s’en est fallu de pas grand chose pour gagner. Avec des « si » on fait beaucoup de choses… J’espérai tourner à 2-0 avant le double. Car avec Max Mirnyi (actuel 6e mondial en double et ancien n°1 mondial en double) en face, la tâche s’annonçait très compliquée. Finalement, chacun a remporté un simple et nous étions à égalité avant ce double qui était un mystère. Mais encore une fois, les garçons se sont surpassés. J’ai retrouvé cette même situation en Afrique du Sud il y quatre ou cinq ans. Nous étions menés 2-0 et on arrive à gagner le double. Ce n’est pas volé. L’intensité du match était extraordinaire. Ça vaut tous les matchs de n’importe quel niveau. C’est une belle image de sport. C’était prenant et tellement intense. Le match a tourné en notre faveur et le public était ravi. Quel que soit le sport, c’est ça que j’aime. Voir Jason Lamy-Chappuis, dans les derniers mètres d’une course, tout donner pour gagner, ça me fait vibrer. Et voir un public enchanter me rend heureux.
Après ses grosses performances lors de cette rencontre contre la Biélorussie, Balleret a t-il eu un déclic par rapport au niveau qu’il pouvait atteindre ?
Non car Benjamin connaît sa valeur. Aujourd’hui il a trente ans et il sait où il en est. Quand arrive un week-end de Coupe Davis il est toujours à fond et ne néglige rien de sa préparation. Ses matchs étaient très durs et ses victoires sont méritées.
« Je m’interroge sur la récupération de Gulbis »
Et puis arrive le voisin des Biélorusses, la Lettonie, avec un garçon qui marche sur l’eau en ce moment : Gulbis. Votre avis sur cette nation ?
Gulbis est au sommet de sa forme en ce moment et Juska a toujours la même valeur. Il n’est plus tout jeune, mais on sait qu’il sera prêt. La Lettonie a joué la Tunisie sans Jaziri et a tout de même perdu le double et pourtant je ne les vois pas balancer le match. Ils l’ont perdu en cinq sets. Il y a donc peut-être une porte ouverte pour nous. Car pour les faire douter pendant le week-end, on ne peut compter que sur ça et puis gagner contre Juska.
Un exploit contre Gulbis est impossible ?
Rien n’est impossible. Je me pose la question de la qualité de sa récupération. Il a joué les qualifications à Delray Beach et a gagné le tournoi. Il est encore passé par les qualifications à Indian Wells, en est sorti et est allé jusqu’en huitièmes de finale, battu en trois sets par Nadal. Je ne connais pas encore la suite de son programme mais ça va forcément peser dans les jambes…
Jouer face à Gulbis, qui depuis deux mois fait parti des meilleurs joueurs du monde, est-ce impressionnant pour Monaco ?
Je vais passer pour un garçon blasé, mais à Monaco on côtoie et on joue toute l’année contre les meilleurs joueurs du monde. Donc personne ne m’impressionne. Et puis, je suis dans le résultat pur et pas dans l’image du gars contre qui nous allons jouer. Lorsqu’on s’entraîne contre Djokovic, nous avons totalement intégré le champion qui est face à nous. Si j’avais une équipe de jeunes, oui la pression aurait pu être plus grande. Mais là, avec mes gaillards trentenaires, Gulbis ou pas Gulbis, ça ne change rien : il ne seront pas impressionnés même après ses récents résultats.
Quel est l’avenir de cette équipe de Monaco où le plus jeune, Balleret, a trente ans ?
Je reprends mon chapeau de DTN. Avec Guillaume Couillard on en parle beaucoup. Nous voulons sortir des joueurs du cru : des Monégasques. Mais nous avons le même problème que dans n’importe quel sport : le système de la pyramide. Plus la base est importante, plus nous avons les moyens de sortir de très bons joueurs. Et forcément, à Monaco, la base est beaucoup moins fournie. Alors, lorsqu’on en trouve un, on le chouchoute au maximum pour le garder.
Et ça porte ses fruits ?
Nous en avons un en la personne Luca Catarina : 16 ans. Il commence à jouer en négatif. On essaye de faire en sorte qu’il ne prenne pas la grosse tête et on tente de tout lui apporter. L’objectif est qu’il progresse le plus vite possible pour le voir jouer rapidement en Coupe Davis.
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