On connaît le personnage qui ne recule devant rien. Aurélien Passeron fait son retour, au Canada, en Continental. Il estime avoir enfin trouvé une cohérence pour un projet ambitieux.
Une nouvelle aventure. Oui encore une. A 30 ans, le Niçois Aurélien Passeron pose ses valises au Canada et plus précisément chez la Continental de Silber Pro Cycling qui va disputer sa première saison à ce niveau. L’équipe est composée uniquement de Canadiens, très jeunes pour la plus part. Passeron débarque en tant que capitaine de route. « C’est une équipe qui vient d’obtenir de très bons résultats en amateur lors des deux dernières saisons. C’est un projet qui m’enthousiasme. » Cette nouvelle destiné, l’ancien pensionnaire de Saunier Duval, avec qui il a couru le Tour de France en 2008, la prend comme une récompense de sa persévérance. « Depuis ma chute sur le Tour où j’ai abandonné, puis les affaires avec Ricco qui était dans mon équipe et le projet H2O qui n’est jamais sorti de terre, je me suis engagé dans dans projets où les conditions n’étaient pas toujours très bonnes pour continuer. Je n’ai jamais pu penser à 100% au vélo. »
Cette fois, d’après ses propos, Passeron n’aura pas besoin de s’occuper des parties extérieurs au vélo, où ils devait s’investir dans ses précédentes équipes. « Les Nord-Américains sont plus forts que les Européens pour le management et le marketing. Ici c’est un vrai projet, avec des gens qui sont à leur place. Je vais pouvoir me consacrer entièrement à retrouver mon niveau sportif car je ne peux plus exploiter mes capacités depuis maintenant quatre ou cinq saisons. » Le champion de France espoir 2005 n’arrive pas outre-atlantique pour y faire de la figuration. Très ambitieux comme à son habitude, il se voit revenir un jour sur Paris-Nice. « J’ai encore dix saisons devant moi. Je ne peux pas terminer ma carrière sans revenir sur la Course au Soleil et ainsi terminer sur la Promenade des Anglais. » Et si Passeron évoque cette épreuve, ce n’est pas un hasard. En association avec son club niçois, le Cavigal, mais aussi avec la ville de Nice, il ambitionne de créer une passerelle pour son équipe sur la Côté d’Azur afin de revenir régulièrement dans le sud de la France pour y courir le calendrier sudiste.
« C’est un tournant dans mon projet »
« Je ne veux pas de paillette. Un simple point d’attache. Par le passé j’ai été utilisé par les autres et là j’ai avec moi des gens qui partagent ma philosophie. Ce point d’attache pourrait permettre à l’équipe de participer à l’Europe Tour. Je veux revenir sur Paris-Nice. C’est encore possible car je pense encore pouvoir progresser. J’ai même failli y gagner une étape. J’y ai ma place. C’est un projet, rien de prétentieux, mais avec Silber le concret est possible. » Après Meridiana en Croatie, Tusnad en Roumanie, Geumsan Ginseng en Corée et encore Wonderful Pistachios aux États-Unis, Silber n’est pas la dernière carte du Niçois. Si son aventure canadienne n’arrive pas à son terme, il ne baissera pas les bras. « C’est beaucoup plus qu’un simple projet. C’est un tournant dans mon projet. Une continuité. Au fur et à mesure je mature ce projet. Depuis Saunier Duval il y a six ans, je suis toujours retombé sur mes pattes. J’ai encore dix ans devant moi. On peut dire ce qu’on veut sur Rebellin et Horner, mais les mecs, blancs ou noirs, sont toujours là. Le cyclisme est un sport de vieux. Les voyages m’ont forgé. Je veux refaire mes gammes. »
« Une autre vision de la santé »
Passeron n’hésite à dévoiler son auto-critique. « J’ai aujourd’hui une autre vision de la santé, de la nutrition et de l’excellence. Ma manière de faire évolue. Humainement j’ai été confronté à mes rêves. J’ai connu le monde par moi même. Au fil du temps, j’ai passé beaucoup de caps dans mon autodiscipline et mon ouverture d’esprit. Mon expérience en Corée était formidable. Ils ne connaissent pas le vélo mais sont très disciplinés. Je n’ai jamais vu ça. » Avec ses différentes expériences, Passeron ne regarde plus le « cyclisme circus où on voit toujours les mêmes gagner avec toujours les mêmes procédés et les mêmes concepts, où seule la couleur change. Cela ne m’intéresse plus depuis des années. Ma vision a fait son chemin », poursuit Il Francese, surnom que lui ont donné les Italiens il y a quelques saisons de cela.
Alors, au Canada, Pesseron débute un nouveau chapitre de sa vie de sportif et va tenter d’apporter toute son expérience. « J’ai les bases du cyclisme au niveau des entraînements, de la tactique, des petits conseils du quotidien qui vont des chaussettes, à la tenue. Je suis là pour m’investir car les Canadiens, quand ils s’investissent, ils y vont très fort et jusqu’au bout. C’est très bon pour le sportif. Ils sont sportifs dans l’âme avec un énorme potentiel athlétique. L’équipe a une vision à long terme avec des garçons qui ont entre 18 et 21 ans. Je pense que de très bons gars vont bientôt exploser. » C’est donc avec une nouvelle maturité, un vrai projet, de l’ambition et de la clairvoyance, que Passeron continue son bonhomme de chemin. Le garçon n’a pas fini de nous surprendre.
(Crédit photo : Silber Pro Cycling)
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