Le Grassois Alexis Carlier, pas encore 21 ans, a signé cet hiver en DN2 à Martigues. Le coursier vient de se révéler au grand public sur ce mois de juillet. A suivre de près.
Alexis, après avoir terminé 7e du classement général du Tour du Pays Roannais il y a dix jours, dans quelles dispositions es-tu arrivé le week-end dernier sur le Tour de Côte d’or ?
Physiquement, j’étais bien. Le Tour du Pays Roannais (Elite Nationale) s’est très bien passé. J’avais de très bonnes jambes, surtout sur la deuxième étape où je termine cinquième et où je lâche notamment Alexis Dulin dans le final. Alors, je suis arrivé avec des ambitions sur le Tour de Côte d’Or, mais ça ne s’est pas très bien passé.
Explications ?
Dès la première étape, je me retrouve piégé dans une bordure. Totalement de ma faute. En fait, il y a eu un moment de creux dans la course où ça a ralenti. Alors, je me suis déconcentré, endormi et j’ai reculé en fin de peloton. Quand c’est reparti, j’étais derrière : de ma faute. Pourtant, on m’avait prévenu. Alors, je me suis affolé. J’ai voulu boucher le trou tout seul. Je n’étais pas loin de boucher le trou mais dans l’affolement, dans un virage, j’ai fait un tout droit et je suis tombé. Sans mal heureusement. Mais j’ai déraillé, perdu du temps etc… Du coup, le groupe des battus m’a doublé. J’ai essayé encore de rentrer, mais toujours dans la précipitation, mon directeur sportif que je suivais, s’est trompé de route. C’était dans l’affolement. On essayait de rentrer. Le signaleur a aussi mal indiqué et on est on a pas pris la bonne direction. J’ai du faire demi-tour : un vrai bordel. Au final, après une longue chasse, j’ai réussi à rentrer sur le groupe des battus. C’était terminé pour le général dès la première étape.
Ce n’est pas tout…
Derrière, en y repensant, je fais encore une erreur. Je ressors dans le final avec d’autres coureurs. Mais je n’aurais pas du faire ça. Je me suis encore plus fatigué pour finir à huit minutes au lieu de quatorze. Le classement général était plié, j’aurai du m’économiser pour la suite. Je me suis fatigué pour pas grand chose. Cette étape, c’était n’importe quoi. La cassure, la chute, l’erreur de parcours, je chasse pour rien, j’accumule de la fatigue etc…
Pourtant tu avais les jambes ?
Ça m’a vraiment coûté. Je pense que j’avais les jambes pour un bon résultat : un top 10 au général. Car, sur le temps cumulé sur le reste des étapes, je dois perdre 2’40 » environ. Pas plus. Tout ça avec la fatigue de la première journée. Alors oui j’aurais accumulé de la fatigue aussi si le premier jour j’avais couru devant avec les meilleurs, car les mecs ont fait la course, mais ce n’est pas la même fatigue. Le top 10 était jouable (Il termine 21e ; ndlr) même si au départ de ce type d’épreuve, tu as trente gars capables de terminer dans le top 10.
« Les débuts ont été un peu durs »
Ce type de journée reflète ton manque d’expérience à ce niveau ?
Clairement. Je suis encore un peu immature. Je me déconcentre trop rapidement. Tu as un ralentissement et moi j’en profite pour aller glander derrière… Je ne peux m’en vouloir qu’à moi même.
Dommage car tu étais ambitieux ?
Je pense sincèrement que j’aurai pu faire aussi bien qu’au Roannais. Un nouveau top 10 au général aurait été très bien. Sur la Côte d’Or la deuxième étape était toute plate. Alors je suis resté dans les roues pour récupérer. La troisième était plus vallonnée. J’y croyais. Je voulais faire un truc. Mais au final, je n’étais pas génial. J’ai quand même attaqué, je me suis accroché : je suis devant. Mais, à 300 mètres de la ligne, Plantureux, coureur du VC Rouen, me rentre dedans. Lui termine à pied, moi je perds une quinzaine de secondes et je me fais mal à l’épaule. D’ailleurs, dans la quatrième étape, j’étais à bloc mais je n’ai jamais réussi à dépasser les 179 pulsassions (Son miaximum est de 200 pulsassions ; ndlr). J’étais bloqué par la fatigue et la chute.
Comment s’est passé ta préparation en arrivant à Martigues il y a maintenant plus de six mois ?
J’ai fait un hiver en dents de scie. La saison dernière, je n’ai presque pas couru. Alors la reprise a été difficile. J’ai mis beaucoup de temps à atteindre un bon niveau de course. Les débuts ont été un peu durs. Mais je m’y attendais un peu. J’étais mou et en Elite Nationale ça va assez vite. Finalement, j’arrive en DN2 à Martigues, avec un gros calendrier, sans trop d’expérience et avec très peu de courses Elite Nationale à mon actif. Le Tour du Jura, la Ronde de l’Isard… Pas plus. Mais je suis monté en puissance progressivement. J’ai eu un bon pic de forme au moment du Challenge Nationale Espoir. Derrière je participe au Tour de Saône et Loire. La première étape, je suis dans l’échappée pendant cinquante bornes et on se fait reprendre à deux kilomètres de l’arrivée. J’étais bien mais je me suis un peu déplacé la tête du péroné. Juste avant j’ai changé de vélo et les manivelles étaient plus longues. De pas grand chose, mais ça a suffi pour me pousser à l’abandon sur la troisième étape. Sur cette course, je ne dis pas que j’aurais pu faire un top 10 au général, mais j’aurais déjà pu montrer mon niveau.
Le mois de mai aurait du être dans la continuité ?
J’avais beaucoup d’ambition pour la Vuelta Bidasoa et la Ronde de l’Isard. Mais je me suis complètement raté. Le 1er mai, sous la pluie, je suis lourdement tombé durant la manche de Coupe de France DN2. Durant cette période, je commençais à ne pas me sentir bien, à régresser. En fait, je me suis beaucoup entraîné, trop, car je pensais qu’il me manquait quelque chose. Alors oui je termine 28e de la Vuelta Bidasoa, mais en subissant. Sur la Ronde l’Isard c’était dur, dur, dur. J’étais déjà fatigué. Pas de jus. En fait, aux entraînements, je forçais trop. Une vraie connerie. Sur la deuxième étape, je tombe. Un petite chute, mais franche et forte sur le goudron : je me suis fais mal à la hanche. C’était le jour de l’arrivée au sommet du Plateau de Beille. Alors j’ai forcé pour monter. J’avais vraiment mal. Finalement, j’ai posé pied à terre. Puis, au championnat PACA, j’étais complètement collé. Je sortais d’une coupure d’une semaine.
« Abandonner le moins possible »
Heureusement, la mi juin est arrivée…
Le 13 juin, je termine 5e au Défi de Nore où je ne suis pas loin Campistrous qui gagne. J’avais de bonnes jambes. Le lendemain, je prends la 18e place aux Boucles du Tarn et du Sidobre. Le week-end d’après, je cours en Italie. Deux grosses courses d’un gros niveau avec 180 gars au départ. Ça allait très vite. Puis, je gagne une cyclo-sportive au Mont Ventoux. Et ensuite le Roannais et le Côte d’Or…
En arrivant à Martigues, quelle était ton ambition première ?
L’objectif principal de ma saison est simple : aller jusqu’au bout. Courir jusqu’à mi-octobre. J’ai conscience d’avoir un retard considérable sur les autres. J’ai finalement peu couru dans ma carrière. Alors, je veux abandonner le moins possible. Cette année j’ai seulement abandonné trois fois : deux sur chute et une sur blessure. En fait, même si je suis dans les choux, dernier, je veux finir maintenant. Je travaille. Ca me servira pour la suite. Au Saône et Loire, avant mon abandon, j’ai vu que j’avais un bon niveau. Je viens de me rendre compte que ce n’était pas du hasard. Pareil pour ce que j’ai fait en Italie ou encore au Pic de Nore. J’ai un bon niveau que je peux exprimer en Elite. Gagner une étape sur une Elite cette saison ? J’y crois. Oui, sur une étape je peux. Je viens de le comprendre. C’est encourageant. J’attends de voir mais oui je peux faire des tops 10 et tops 5.
La densité d’une saison en DN2 est à la hauteur de tes attentes ?
Oui. Ça y ressemble. Le calendrier est chargé et le nombre de courses de haut niveau aussi. Ce que je remarque c’est que, par rapport aux autres, je m’épuise plus rapidement sur les courses à étapes de trois ou quatre jours. Je sature plus tôt. Je manque encore de caisse et je suis encore un peu tendre. Je n’ai que 20 ans. J’ai le physique d’un Espoir 1. Avant d’arriver à Martigues, j’avais très peu couru en Elite et je n’ai jamais réalisé de saison complète. Voilà, je suis encore un peu neuf. Mais je continue, j’emmagasine. Je sens que j’ai franchi un cap. Maintenant, c’est au quatrième jour de course que je commence à avoir du mal, avant c’était beaucoup plus tôt.
Tu commences à pointer le bout de ton nez lors de la deuxième partie de saison 2015, alors, avec l’expérience que tu engranges, on peut attendre de belles choses pour 2016 ?
Mon entraîneur pense surtout à 2016 en effet. On travaille pour ça et je vais au bout des courses pour prendre de la caisse. J’espère marquer les esprits en 2016. Tout cela s’annonce enthousiasment. J’y crois. Tout peut être possible mais le cyclisme n’est pas une science exacte. Je me sens très bien à Martigues. Chacun est vraiment sympa et compétent. Hristo Zaykov, mon directeur sportif, est une belle rencontre. Il m’a remotivé sur le plan du vélo et m’a remis en confiance : c’est motivant.
(Crédit photo : DR)
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