Jérémy Fabio (Martigue SC – Vivelo DN2), nous narre dans les moindres détails son été, riche en réussites entre le Tour de Martinique et la Coupe de France DN2. Appréciez.
« Salut à tous,
Une fois de plus j’espère que vous serez nombreux et nombreuses à lire ce journal de bord n°6. Je vous avais laissé au lendemain des championnats de France pour une petite période de repos avant d’enchaîner les courses importantes. L’été rime avec les mots vacances, apéro – perso c’est toute l’année pour moi (rires) – plage, farniente etc… Sauf pour les cyclistes, puisque c’est la période de l’année que beaucoup redoutent, la fatigue s’accumule depuis février, l’organisme souffre de la chaleur, il y a une certaine lassitude qui s’installe chez certains. C’est vraiment une période délicate à gérer, une période où on peut sauver sa saison également aux travers de belles courses à étapes, comme le Tour du Pays Roannais, le Tour de Martinique, le Challenge d’Or (4 épreuves). Une période où les critériums fleurissent aussi, des épreuves toujours spectaculaires qui, malgré le peu de distance à parcourir, laissent des traces par leur intensité. C’est aussi l’occasion de recourir à la maison avec les épreuves organisées dans le Var. L’été est une période qui peut également mettre une équipe sur de bons rails pour finir la saison en beauté. Mais comme à son habitude, elle a dévoilé son lot de péripéties.
En effet, après quelques jours de repos, je participe au Tour du Pays Roannais (Elite Nationale) qui comporte trois étapes du 4 au 6 juillet. Une belle épreuve mais qui ne m’a jamais réussi. Forcément, pour ne pas déroger à la règle, elle se solda par un abandon. Heureusement pas le temps de gamberger puisque nous avons enchaîné par le Tour de Martinique (Elite Nationale) du 12 au 20 juillet, en compagnie de nos amis du Sprinter Club de Nice Jollywear. Un vrai plaisir de retourner là-bas, de se frotter à d’autres continents, de voir d’autres visages, surtout cette année avec une note latino qui rajouta de la bonne humeur avec les sélections de Cuba, Porto Rico ainsi que des individualités colombiennes et vénézuéliennes. Et puis que dire de l’engouement des gens autour du vélo, juste impressionnant. Forcément la plus belle des réponses pour remercier la population c’est d’offrir du spectacle et là, mes amis, le Martigues Sport Cyclisme – Vivelo en a offert énormément.
Le spectacle commença dès la première étape avec Thomas Miquel, notre Miquelitto, qui gagne en solitaire, voir en rouleur. Un grand moment qui a lancé notre semaine martiniquaise de la plus belle des façons. Et que dire du lundi 14 juillet. « Le feu d’artifice martégal », comme l’a si bien titré le journal France-Antilles au lendemain de la journée. Elle comportait deux étapes de montagnes dont une arrivée au sommet le matin, le fameux Morne Rouge, avec la succession de bosses le long de la Mer des Caraïbes et ses descentes à pic qui offrent un spectacle à couper le souffle. Puis l’après-midi, une étape piégeuse digne des montagnes russes. Et bien, à la surprise générale, nous gagnons les deux étapes.
Moi le matin en baroudeur solitaire après une longue échappée. Enfin une victoire en somment d’un col. J’en rêvais ! Avec un monde plus qu’impressionnant le long des pentes. A certains endroits les motards étaient obligés de faire écarter la foule. Le tout sous une belle pluie pour pimenter tout ça. On fait du vélo, on s’entraîne pour vivre des moments comme avec la prise du maillot jaune par la même occasion.
L’après-midi beaucoup ne donnaient pas cher de ma peau avec les efforts consentis le matin et du parcours avec ce fameux col en descende pour commencer… Sauf que… Sauf que… La meilleure des défenses ? Eh bien c’est l’attaque ! C’est alors que je me présente sur la ligne de départ avec une petite idée derrière la tête, toute simple. Faire le start avec le maillot jaune sur le dos. En plus d’un délire, c’était une nécessité pour prendre les devants et surprendre son monde. Résultat des courses, toujours maillot jaune au soir de ces deux « chantiers ». Cerise sur le gâteau, nouvelle victoire de Thomas. Bref une journée de rêve !
Puis, un creux durant ce tour. Après cette euphorie et un retour tardif à l’hôtel suite aux podiums puis au contrôle antidopage, nous rentrons à 23 heures pour repartir à 7 heures le lendemain avec le bus et prendre le départ à 9 heures. Autant dire que pour la récupération il y a bien mieux, surtout que la douleur à mon genou, suite à cette maudite entorse, se réveilla. Quelques jours à galérer dans les méandres du classement avant de retrouver la forme. A titre collectif, le bilan de ce tour est tout simplement magnifique avec quatre victoires d’étapes, des tentatives quotidiennes et surtout une ambiance, le plaisir d’être ensemble, notre été était définitivement lancé !
Nous avons eu la chance de rester quelques jours pour profiter un peu. Comme lors de cette matinée avant notre départ, où la personne qui nous logeait nous fit découvrir et déguster toutes sortes de spécialités liquides et solides, dégustation de mangues, coco, banane, cannes à sucres du jardin. Puis pour digérer des liqueurs de cerises, coco et un peu de rhum citron pour retrouver une voix égarée quelques heures auparavant en compagnie de mes amis cubains et portos ricains. Un très beau moment de partage. C’est aussi ça le sport, découvrir et échanger des cultures.
Il était enfin temps de rentrer chez nous pour récupérer de tout ça et se replonger dans la seconde partie de l’été, une seconde partie avec en ligne de mire la 5e manche de Coupe de France DN2 le 20 août. Mais avant cette échéance, il y a eu le Grand Prix de Cours la Ville (Elite Nationale) le 29 juillet. Une classique sur un circuit très usant dans le Rhône Alpes, courue cette année par dix degrés ! Oui oui dix degrés et la pluie fin juillet. Bref le choc thermique avec trente degrés d’écart avec la Martinique en une semaine. Mais au final une bonne journée avec une belle sixième place et le classement de la montagne. S’ensuivent les courses toutes catégories dans le Var tels que le Grand-Prix de Bras, le Grand-Prix de Flassans-sur-Issole, le Grand-Prix de Saint-Romain à La Motte et le Grand-Prix Midi Prim. Nous remportons trois victoires. Il y a pas moins de sept vainqueurs différents cette saison dans notre équipe, ce qui reflète la bonne santé du groupe, chacun a sa chance et c’est plaisant.
Mais il y a un manque. Personnellement il me manquait quelque chose cette saison jusqu’à présent. Une grande course. Pas qu’une simple victoire. Après pas moins de vingt places dans les dix premiers, pas mal de galères avec ce genou, il était temps que tout se goupille bien. Et comme par hasard, le jour J, dossard 27, quelques jours après mes 27 ans, une Coupe de France DN2 dans la Vienne, une région qui me réussit, beaucoup de signes positifs qui laissaient à croire en ma bonne étoile. Pourtant l’affaire était mal engagée. La veille, lors de la sortie d’entrainement, au bout d’une heure, je dois rentrer à l’hébergement, la faute toujours à ce genou. Après quelques poches de glaces, autant dire que la confiance n’est pas au beau fixe avant le départ.
Mais peu importe, je pars à la guerre. Cette manche, le Grand-Prix de Cherves, de 170 kilomètres, propices aux pièges, est composée d’une première boucle de cinquante kilomètres, puis d’un circuit final usant, toujours en prise, constitué de dix tours de douze kilomètres. La journée se déroula comme dans un rêve. Des jours comme ça où tout semble facile, limpide. Je prends l’échappée au bout de vingt kilomètres. Rapidement l’avance monte à quatre minutes à l’abord des premiers tours de circuit. L’entende est bonne à l’avant avec mes cinq compagnons de galères sauf qu’à tous les tours je pensais à attaquer pour tenter ce qu’on appel un numéro, à l’ancienne. Quelque chose dans lequel je me lance parfois le défi, partir seul à plus de cinquante kilomètres du but final. Quelque chose où si où les gens au bord se disent : « Il est fou le jeune, c’est suicidaire », mais quelque chose qui me fait vibrer, durant lequel vous pensez à pas grands choses si ce n’est appuyer le plus fort possible, ne pas s’écrouler, ne pas se retourner, repousser ses limites, sans chiffre qui s’affiche sous le nez et qui disent de lever le pied, où vous pensez juste aux heures d’entrainements sur votre machine pour arriver à réaliser cela. Où lorsque la douleur se fait sentir vous pensez à des êtres chers qui ont disparu trop tôt et qui serez fiers de vous. Bref vous vibrez de passion et d’adrénaline.
Autant vous dire qu’une fois la ligne franchie, vous êtes heureux et les gens le sont aussi pour vous. Puis quand vous avez un Dominique Arnaud – directeur sportif de l’Entende Sud Gasgogne, lieutenant d’Indurain chez Banesto – qui vous félicite ça fait chaud au cœur. Et forcement pour parachever la journée, ma petite touche perso MENTALITA NISSARDA, le podium protocolaire avec la casquette Magicréme, pour pas faire comme tout le monde (rires), celle de Ghislain Lambert, les puristes comprendront. Voilà une journée magique. Vraiment un bien bel été, avec une dynamique exceptionnelle.
Voilou les amis, en espérant que la lecture fut plaisante, si vous lisez ce dernier passage je vous remercie d’avoir pris un peu de votre temps pour cela. La suite passe par les 4 jours des As en Provence (Elite Nationale) du 28 au 31 août et la dernière Coupe de France en septembre, le Grand-Prix de Rhuys (Bretagne) le 21 septembre, pour tenter de décrocher un podium final par équipe, qui récompenserait toute une saison. Je vous dis à bientôt pour vous raconter tout ça. »
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