L’inquiétude grandit autour de l’évolution du Covid 19. La situation économique du pays pourrait prendre une tournure catastrophique et entraîner avec elle le monde sportif. Entre méfiance et sang-froid, des Présidents de club se livrent à www.magsport06.fr.
Selon différentes sources et études effectuées à ce sujet, le match de Ligue des Champions entre le PSG et Dortmund joué à huis clos a entraîné une perte sèche de plus de cinq millions d’euros pour le club parisien. Nous sommes loin, très loin d’une simple question d’ambiance et de spectacle.
Une somme astronomique qui va, à son échelle, être aussi le quotidien du monde associatif sportif avec de graves conséquences économiques à prévoir. Le Covid 19 risque de faire plus de dégâts financier qu’humain. Et il faut commencer à se poser sur le futur du sport amateur, notamment les sports collectifs. « Je pense que le vrai sport amateur sans argent perdurera car il ne génère pas beaucoup de charges », confie Jean-Daniel Malatesta, Président du Nice Basket dont l’équipe fanion évolue en Pré-Nationale Masculine. « Là où certains vont souffrir c’est là où on compte beaucoup sur les investisseurs privés et où on paye les joueurs et les coachs. Car aujourd’hui, tous les secteurs sont touchés sans exception »
En effet, depuis quelques temps, les différents défraiements, fixes et primes de match descendent chaque année un peu plus de division. « Ça va changer beaucoup de choses pour ceux qui payent à bas niveau. » Mais les revenus des clubs ne s’arrêtent pas qu’aux différentes subventions et aux partenaires privés. « Même si ce sont des petites sommes, si jamais on vient à devoir jouer à huis clos jusqu’à la fin de la saison, on ne pourra plus faire tourner les buvettes. Avec une N1M et une N2F nous avons quasiment chaque week-end un match à domicile et si on ne fait pas de recette, mis bout à bout, ça commencera à chiffrer », ne peut cacher la Présidente de l’OAJLPHB Françoise Petrov.
Les buvettes à l’arrêt ?
Cette dernière s’inquiétant aussi pour la tenue de la Nuit du Handball du 4 avril prochain. Les deux équipes fanions se succèdent pour une immense fête et un gymnase plein à craquer à Saint-Claude. « Si elle vient à être à huis clos, je ne pourrais pas vendre l’événement à un partenaire et la buvette qui tourne fort sera fermée. Malgré tout, globalement, je reste positive et je ne veux pas m’inquiéter. Je ne pense pas qu’on sera concerné par une baisse de subvention. En revanche il faudra être attentif aux suites économiques de ce virus vis à vis des entreprises. »
Baptiste Giornelli, co-Président du BC Baous, club de Régionale 2 Masculine qui est en pleine évolution, reste dans la ligne de Petrov c’est à dire être attentif mais ne pas tomber dans une psychose. « Forcément cette période est compliquée pour tout le monde et elle risque de l’être pour encore un moment. Il va falloir réfléchir dès maintenant afin de prévoir au mieux les années à venir. Les autorités vont devoir revoir les subventions, nous n’aurons donc pas le choix de nous adapter. Je pense que cette baisse de budget envisageable auprès des mairies et autres organismes d’état peut être anticipée. Les partenaires auront peut-être moins à donner mais c’est à nous d’aller en chercher plus pour compenser cette possible baisse. Il est sûr que cette situation affecte tout le monde et les petits clubs vont devoir faire face à cette situations. Le maître mot est d’être attentif à toute évolution de cette situation et surtout être prévoyant. »
Mais allons plus loin. Si malheureusement cette crise économique venait à s’amplifier et surtout à perdurer, des ménages auront peut-être un choix à faire et là aussi des finances en moins pour les clubs. « C’est une réflexion à avoir… » explique Malatesta. « Je pense que tous les clubs vont pouvoir serrer les boulons jusqu’à la fin de saison. Mais si en septembre on est toujours au même stade, voir pire, peut-être que des parents, et il faudra respecter ce choix, seront dans l’obligation de faire des économies et ne pas prendre une licence sportive serait une solution. Et puis investir dans une licence qui est un coût alors qu’on aurait aucune certitude sur le tenue régulière ou non des championnats peut être rebutant. »
Quoi qu’il advienne, le monde associatif et le monde sportif ne vivent pas dans un univers parallèle. Si une crise économique grave venait à prendre de l’ampleur accompagnée d’une crise sanitaire régulière qui empêcherait la tenue des compétitions, il faudra revoir peut-être un mode de fonctionnement global à l’heure où le bénévolat s’essouffle. Une chose certaine c’est qu’il y a une chute brutale d’activité dans un certain nombre de secteurs. C’est sans précédent et des ramifications risque d’arriver.
Mais ce n’est pas tout. La crise terrible qui touche l’Italie peut nous servir de repère. La Série A est arrêtée et la situation chez nos voisins ne permet pas aujourd’hui d’envisager une reprise. Quid des qualifications pour les coupes d’Europe, les relégations et les montées ? La situation serait la même pour des petites divisions en France si jamais nous suivons le même chemin. Prenons la situation d’une équipe de Nationale 3, qui est relégable mais qui depuis deux mois enchaînent les victoires et arrive aux portes du maintien. Difficile d’accepter de voir les championnats gelés et ainsi être relégué en Pré-Nationale.
Des solutions innovantes à trouver ?
Si la situation en France venait à s’aggraver, pourrait-on décaler tous les championnats pour les faire reprendre en mai ou en juin si le virus régresse ? C’est en tout cas ce qu’a préconisé le Comité 06 de handball. En effet, au niveau départemental, la Poule Haute pour monter en PNF comprend notamment deux équipes italiennes. Les confrontations avec Monaco, Nice, Beausoleil et Antibes ont été décalés entre mai et juin. Mais si d’ici là la situation n’a pas évolué, il faudra composer des effectifs pour la saison prochaine sans savoir où les clubs joueront et selon les décisions prises, il y aura forcément des déçus. Économiquement, mais aussi pour la mise en place des budgets, l’impact sera important.
Au bord du gouffre ? Si la panique et la psychose prennent le dessus oui. Si chacun garde son calme, des solutions encore inconnues et de nouveaux modes de financements pourraient permettre de réorganiser tout un système. « Il y a des effets négatifs mais aussi positifs qu’on imagine pas encore et qui je l’espère vont pouvoir corriger le tir », conclu avec optimisme Malatesta. Chacun devra échanger en intelligence pour trouver des solutions. Des effort communs devront être consentis pour arriver à des bilans à l’équilibre. Dans l’espoir aussi que des clubs ne soient pas, à la rentrée, dans l’obligation de faire des choix drastiques pour faire des économies comme supprimer des emplois ou décider de rétrograder de division avec certaines équipes.
N’oublions pas que pour certains clubs, le contexte instable du Covid 19 intervient au milieu des futures municipales ou si des mairies basculent, des politiques sportives pourraient évoluer… Une instabilité la plus totale.
(Crédit photo : M.O.M / ASMB)
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