Entraîneur de la Pré-Nationale de Mandelieu, réserve de la N3M, Jonathan Rey a décidé de ne plus penser au sportif mais plutôt à tout ce qui entour le terrain.
Jonathan, comment vis-tu aujourd’hui ton quotidien d’entraîneur avec les garçons ?
J’entraîne des gars qui ont à 90% énormément de bouteille dans le volley. On ne se parle pas des événements actuels. Oui, nous avons tous un avis mais il n’a aucun sens et aucune vérité sur l’éventualité d’une reprise ou non. Nous ne sommes pas décisionnaires, rien ne sert de s’éterniser à débattre encore et encore. Alors on préfère s’envoyer des conneries, on rigole de tout et de rien, on parle d’aller se faire quelques green par ci par là mais aucun cas d’une date de reprise.
Quelles sont tes espérances pour l’avenir ?
Sincèrement et je parle pour mon compte personnel, je préfère que la FFVB se concentre déjà sur l’année prochaine. Je ne parle pas de l’organisation des championnats, des protocoles sanitaires et compagnie… Je parle des grosses lignes qui fâchent c’est-à-dire l’aide pour les clubs au niveau financier ou encore la solution pour les licences. Savoir aussi si on peut parler de mutation ou non si un joueur veut changer de club sans avoir joué le moindre match cette saison… Toutes ces questions-là, ce sont les joueurs qui les répètent sans cesse à leur club. Malheureusement, les coachs et les dirigeants n’ont pas plus de réponses. Il faut que la fédération soit prête à réfléchir maintenant pour répondre à ça.
Tu sembles inquiet ?
Aujourd’hui, c’est malheureux, mais beaucoup de clubs vont se retrouver dans de beaux draps financièrement. On ne doit plus se concentrer sur le plan sportif pour cette année 2020-2021 mais sur le plan financier pour les mois à venir. Aujourd’hui tu vois des joueurs qui sont censés vivre de la restauration, du tourisme, du sport etc… Et qui sont laissés à l’abandon. En plus de ça, ils ne peuvent même plus aller se défouler à taper dans un ballon pour évacuer toute leur frustration. C’est à eux que je pense vraiment, ceux qui perdent tout chaque jour et qui ne peuvent pas se défouler. Ainsi, j’ai mis un point d’honneur à ne plus parler de cette saison à mes joueurs et profiter des rigolades et des petits rendez-vous extérieurs pour sourire et attendre de meilleurs jours.
Outre la situation des clubs, les hommes te préoccupent-ils aussi ?
Oui. Je prend le cas d’un de mes joueurs, Jérémie Magar. Je pense souvent à lui. Le gars, il a une femme, trois enfants, il a acheté récemment un appartement, il est gérant de ça propre société… Je m’inquiète pour lui parce qu’il dépend beaucoup des autres puisqu’il est dans les prestations de service. Il a une montagne à gérer derrière lui et pourtant, c’est lui qui te balance mille conneries sur les réseaux sociaux et qui te donne le sourire. Franchement c’est à eux que je pense surtout.
Ta philosophie aujourd’hui ?
La première phrase que j’ai cité à mon premier entraînement et ça chaque semaine est la suivante. « Les gars, si la saison s’arrête comme la précédente, je veux qu’on soit champion peu importe la date. Si la saison reprend plus tard, je veux qu’on soit prêt sur tous les plans physiques ». Chose évoquée, chose dû malheureusement… Je l’avais senti et ils sont tous adultes avec un minimum de dix ans de volley dans les pattes. Ils le savent tout comme moi que si on reprend, on va avoir maximum un mois pour se préparer à nouveau, ce n’est juste pas possible. Jje les laisse tranquille sur un plan physique mais j’espère que chacun se prend en main.
A quoi faut-il s’attendre désormais ?
Quand on aura des réponses du gouvernement et de la fédération, des dates précises, on sera tous là et à fond. Avec ou non du retard suite aux excès de chacun mais le jour où l’on repart, tout le monde sera à 2000% chez nous. En octobre, beaucoup ont fait des amicaux, des visios mais soyons honnêtes… C’était plus pour garder un contact groupe que de maintenir une préparation physique. Aujourd’hui, que tu sois avec trois matchs amicaux en octobre ou zéro comme nous, la condition physique est strictement la même avec ce temps d’arrêt. C’est d’ailleurs une peur aussi indirectement. J’ai peur d’une reprise euphorique et du coup d’une cascade de blessures car on ne joue plus depuis près d’un an. À moi de gérer ça en temps voulu.
(Crédit photo : Manu Helfer / Michael Toffolo)
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