Deux ans et demi après son grave accident qui l’a plongé quatre jours dans le coma, Jérémy Bier va subir une nouvelle opération. Des défis l’attendent avec l’ERM de Carros. Le club veut monter en Pré-Nationale, alors qu’il était en NM3 il y a trois ans.
28 janvier 2012. La NM2 du Bâtiment Nice se déplace à Istres. En première mi-temps, Jérémy Bier intercepte un ballon, fonce vers le gardien sudiste, marque, mais percute violament le portier. Il retombe lourdement sur la tempe. « Je plonge dans le coma et je me réveille quatre jours plus tard », explique le joueur à www.magsport06.fr. « Finalement je m’en sors bien. J’ai mis deux mois à récupérer. A partir de là j’ai trottiné, repris la musculation. C’était très important car après deux mois d’hôpital j’ai perdu beaucoup de forces. » Transféré en urgence à Marseille après le choc, Bier va être, plus tard, rapatrié à Nice.
A l’époque il avait, 25 ans. « J’ai toujours eu une grosse volonté et beaucoup de caractère. Je ne fume pas, je ne bois pas et avec de la chance aussi, l’hygiène de vie permet de récupérer plus vite. » Malgré tout, alors qu’il formait avec Brice Roufast une paire redoutable de buteurs au Bâtiment, Bier ne parviendra pas à récupérer sa place en fin de saison, ni l’année suivante. « En faite pour la saison 2012-2013, je devais signer à Villeneuve-Loubet en Nationale 1. On avait joué contre eux une semaine avant mon accident. On perd d’un but et je réalise un gros match. Mais tout s’est arrêté brutalement. »
Finalement, au terme de la saison 2011-2012, le Bâtiment se retrouve relégué en NM3. Mais Bier se refuse à dire que son accident, et donc son absence, en est la raison principale. « L’équipe a peut-être eu un coup de mou, mais ensuite s’est bien repris et a gagné beaucoup de matchs. Ça ne se joue à rien. Je crois que Nice descend avec dix ou onze victoires. C’est beaucoup ! Il y avait quatre descentes. »
Les médecins vont donner l’autorisation à Bier de rejouer. Malgré la relégation, il décide de rester à Nice. Suite à son accident, plusieurs clubs ont sans doute été un peu plus frileux pour l’engager. « Je pense avoir retrouvé petit à petit mon niveau. Mais le coach décide de me faire davantage jouer avec la réserve. C’est difficile moralement. Parfois j’ai fait des déplacements avec l’équipe une. A Montpellier ou à Aix par exemple. Mais tu te retrouves à rester une heure sur le banc sans toucher le ballon. Finalement, je vais jouer avec la NM3 les trois derniers matchs lorsque l’équipe avait assuré son maintien. Le coach me signale que, finalement, il veut me garder mais moi je ne voulais plus rester à Nice. Je voulais même arrêter le handball. »
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Raphaël Gallice nous explique les raisons du faible temps de jeu de Bier. « Mon discours était qu’il est très dur de retrouver son niveau en NM3. Il ne l’avait pas tout à fait retrouvé. Mais s’il voulait rester, la porte était ouverte. Mais c’était mieux de se refaire la main avec une PNM. Si tu décides de rester, au début c’est dur, mais si tu évolues pendant l’année, j’étais ouvert pour qu’il reprenne sa place plus tard. »
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Bier a été formé à Carros de 7 à 20 ans. Alors, après son départ de Nice, Patrick Fenasse, homme fort du club carrossois, va l’inciter à revenir « Il a toujours été présent pour moi. Je n’ai pas eu de père et c’est comme un père pour moi. Il a toujours été très présent pendant mon accident. Il venait me voir à l’hôpital. Et puis Cyril Parmentelot, qui pendant que je quittais le Bâtiment Nice, a lui quitté le Cavigal Nice, pour venir jouer et entraîner l’ERM de Carros avec Stéphane Ferrandis. C’était l’un de mes coachs à Carros chez les jeunes. Alors, je suis venu pour retrouver le plaisir de jouer. »
Le buteur se retrouve donc en Excellence Régionale, à Carros pour disputer la saison 2013-2014. Un projet ambitieux, monter en Pré-Nationale. Mais les Azuréens manquent le coche en terminant cinquième. « Ça ne se joue à pas grand chose. On réalise une grosse première partie de saison. Puis nous avons eu un gros trou. » Bier, meilleur buteur de l’équipe, va voir son rendement un peu diminuer et pour une bonne raison. « En faite, suite à mon accident, j’ai des soucis visuels. J’ai de gros problèmes pour bien assimiler la distance et les reliefs. J’ai un strabisme en hauteur. Lorsqu’on me regarde, mes yeux sont normaux, bien placés, cela ne se voit pas. Alors, j’ai des problèmes pour situer le ballon et aussi pour tirer. Parfois j’ai rate la passe d’un équipier car je pense que le ballon est à un certain endroit, alors que non. Il m’arrive aussi lors d’un shoot, de manquer tout simplement le cadre. Parfois j’ai aussi du mal à me situer sur le terrain.
Bier a donc ce souci depuis le début de sa saison avec Carros et le diagnostique est tombé en janvier dernier chez l’ophtalmologue. Il sera ainsi opéré ce lundi 23 juin. Cette opération a pour but de lui redonner 100% de ses facultés visuelles. « Chez certaines personnes c’est quasiment automatique. En deux ou trois jours c’est réglé. Pour d’autres il faut une ou deux semaines, ou même un mois. On verra. Mais ce qui est certain c’est que tout sera parfait pour la reprise du championnat en septembre. » De retour à 100% physiquement et visuellement, Bier espère aider du mieux possible Carros à monter en Pré-Nationale.
(Crédit photo : Anne Marie Bier)
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