Troisième de N3M après seize journées et avant de recevoir le leader, Menton est comme chaque année en course pour le podium, mais toujours très loin du champion.
Philippe, première constatation dans ce championnat cette année, c’est de voir 80% des effectifs très proches de niveau les uns des autres…
Effectivement, cela fait deux ans que le championnat est ultra homogène. Je pense que cela est dû à la nouvelle politique de la FFBB qui a modifié quelque peu les compositions des poules en donnant, par exemple, comme règle le fait d’avoir seulement six équipes d’une même région dans la même poule. Ce qui donne par exemple que Bandol est en poule B alors qu’ils sont géographiquement collés à Sanary.
Point positif et négatif ?
Ça prive d’un beau derby mais en même temps ça permet de voir autre chose, des nouvelles têtes, un autre basket, découverte de nouveaux clubs et nouveaux dirigeants supers sympas etc… Seuls les trésoriers font la tronche : ce qui est compréhensible. Du coup on doit faire des économies sur les déplacements, mais en tant que techniciens ça me plait bien de voir autre chose. Cette année la poule est encore plus costaud que l’année passée, le dernier peut taper tout le monde, même le HTV n’est pas à l’abri quand il se déplace ! Quand je vois aujourd’hui Lyon et Saint-Laurent dans les dernières places alors que franchement ce sont deux très belles équipes qui ne méritent pas leur place… Aujourd’hui, il reste six journées et je suis incapable de dire qui va descendre.
Le HTV va être champion et ça on le sait depuis très longtemps. Cela a t-il joué sur la vraie valeure de certaines équipes, dont la tienne ?
Tout à fait ! Dés qu’on a vu le recrutement hors normes du HTV, tous les joueurs ont pris un petit coup au moral en se disant que le championnat était déjà joué. Inconsciemment ou pas la motivation n’est plus la même, vous rajoutez à ça les compositions d’équipes très fluctuantes des équipes réserves qui faussent toujours un peu les résultats et les blessures qui sont le lot de tous… Nous, par exemple, nous avons vécu quatre défaites de suite pendant la phase aller qui correspondaient avec l’absence de pas mal de joueurs majeurs.
Comment peux-tu qualifier ton groupe cette année ?
Cette année mon groupe est très inconstant : une équipe trop à réaction. L’état d’esprit et la motivation de l’équipe dessinent à l’avance nos prestations. Quand on est tous concernés, nous sommes capables de faire de très belles prestations, dès qu’un joueur s’éloigne un peu de l’esprit collectif cela porte atteinte au groupe tout entier. Je pense que cela est principalement dû au fait qu’il n’y a pas grand chose à jouer depuis bien longtemps.
Depuis plusieurs saisons, le champion est [trop] vite connu dans cette poule du set-est. A tes dépends tu es passé maître dans le fait de garder un groupe concerné car malgré l’absence d’enjeu de la montée, Menton termine chaque année sur le podium…
En effet, c’est l’aspect compliqué de la tâche. Tenter de garder tout le monde sous pression le plus longtemps possible. Je joue beaucoup sur la responsabilisation de chacun et sur le respect que l’on doit aux dirigeants de Menton qui sont irréprochables et investis comme jamais. La moindre des réponses que l’on peut leur donner, c’est de mouiller le maillot avec un état d’esprit irréprochable car c’est leur image qui est en jeu ! L’image du club est importante, un club stable et sérieux qui termine sur le podium depuis des années, c’est ce sérieux et cet état d’esprit qui peut nous permettre encore d’attirer quelques joueurs, parce qu’on sait que géographiquement on est vraiment mal placé et que beaucoup de joueurs de la région refusent de venir à cause de la distance…
Il faut constamment s’adapter ?
Tirer le meilleur de mon groupe, c’est mon boulot ! Toute la première partie du championnat sert à mettre en place les bases technico-tactiques de notre collectif, ensuite c’est surtout du management, de la gestion humaine, de l’entretien, de la préparation spécifique par rapport à un adversaire… Je déteste faire de la figuration, donc je dois fixer des objectifs au groupe chaque week end, piquer l’équipe au bon endroit pour la faire réagir, si on n’a pas d’objectif, les entraînements deviennent un calvaire, alors j’essai à chaque fois de garder tout le monde concerné avec des éléments de motivations intrinsèques à l’individu ou au groupe !
Beaucoup de psychologie ?
Il y a des défaites que je m’attribue, surtout quand la motivation est absente, comme lors de notre défaite à Nord Ardèche, toute la semaine je sentais que mon équipe abordait très mal ce match et je n’ai pas réussi à trouver les mots pour la faire réagir et je m’en veux beaucoup ! Ce qui est par contre super intéressant c’est que les joueurs ont fait leur mea culpa tous ensemble et dés l’entrainement suivant j’avais à nouveau des guerriers attentifs et concernés ! Après, je prends beaucoup de plaisir à voir évoluer mon groupe, je les observe beaucoup et quand l’état d’esprit correspond à mes valeurs j’y prends beaucoup de plaisir. Dans le cas contraire la saison risque d’être longue. J’ai des bons gars, je dois juste les garder éveillés le plus longtemps possible…
Battre Hyères serait un exploit ce samedi soir ?
Bien sûr ! Pour cela on doit être dans le sacrifice. Jouer pour l’autre et mettre son égo entre parenthèses avec la volonté de faire briller le copain. A l’aller on fait une super première mi-temps, puis quand l’adversaire est revenu au score, on se met à jouer tout seul et à vouloir sauver l’équipe individuellement, ce qui nous amène irrémédiablement à l’échec !
Si Hyères s’impose, les Varois seront officiellement champions. Ça t’embêterait que ça se passe sur tes terres ?
Boff. Je m’en fiche un peu, de toute façon ils seront en Nationale 2 la saison prochaine, ce qui m’intéresse c’est l’investissement de mes gars dans la tâche collective pour aller titiller le gros bras du championnat et qu’ils en ressortent fiers !
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