Coureur en devenir du cyclisme français. Jérémy Defaye réalise une très bonne saison pour sa dernière année Junior, avant de rejoindre le gratin du cyclisme amateur. Cette année, il a à nouveau remporté sans contestation le Tour PACA Junior.
Jérémy, il est indéniable que tu as encore franchi un véritable cap cette saison avec tes récentes victoires sur le Monaco – Col du Turini (toutes catégories) et le Grand-Prix d’Antibes (2e, 3e, J). Comment l’as-tu ressenti ?
J’ai senti le 7 juin sur la Classique des Alpes Junior que mon niveau avait augmenté. Je roule de mieux en mieux. Après il n’y a pas de secret. Je fais ce qu’il faut à l’entraînement. Quand tu t’entraînes, ça paye. Et puis je fais également plus attention à plein de choses pour mettre toutes les chances de mon côté. Comme à la nourriture par exemple. Avant je ne faisais pas trop attention, maintenant oui et donc j’ai perdu un peu de poids et je vois la différence. Je travaille également plus précisément la puissance à l’entraînement, chaque type d’effort, ça se passe plutôt bien.
Ta troisième place sur la Classique des Alpes Junior et aussi ton numéro dans le Col du Turini deux semaines plus tard, ont confirmé tes gros progrès en montagne…
La Classique des Alpes était un vrai objectif. Je n’avais pas clairement annoncé que je voulais gagner mais je savais que je serais prêt. Ca s’est bien passé. Comme j’ai progressé en montagne et que je garde de la puissance sur le plat, j’ai réussi à trouver un bon compromis : rouler vite et grimper mieux. Je me suis amélioré en descente. Et sur la Classique des Alpes ça compte. Je n’ai pas lâché. Les autres ont été impressionnés. Je roule souvent à l’entraînement avec Brice Feillu et Mikael Chérel, alors les suivre et étudier leurs trajectoires et intéressant. J’étais super motivé. Les jambes étaient au rendez-vous. J’ai bien grimpé, bien descendu et donc pris la troisième place.
Les stages et courses en équipe de France Junior sont enrichissants ?
Oui car sur les manches du Challenge National, chacun court pour son comité. Entre nous il y a une super ambiance. On apprend à mieux se connaître. On discute et chacun aide l’autre à progresser. On aime rouler ensemble en haut des cols et se tirer la bourre. Nous sommes soudés, quand un gars a besoin de quelques choses, il y en a toujours un pour l’aider. L’ambiance est bonne et on progresse en s’écoutant car chacun à sa petite façon de faire etc… Ce sont les meilleurs français réunis donc c’est intéressant.
On l’a vu sur plusieurs de tes victoires, tu n’hésites pas à partir seul, parfois à 40 ou 50 kilomètres de l’arrivée. On sait que tu excelles dans le contre-la-montre. Rouler seul te plait ?
Depuis les minimes j’aime l’effort solitaire. C’est naturel. Je ne me pose pas de question. Quand je suis parti je ne pense qu’à une chose, rester devant et creuser l’équipe. Il faut conserver un bon rythme pour avoir une avance confortable et en même temps en garder au cas où ça accélère derrière. On pense à plein de choses, il faut s’occuper, mais en faisant attention aux pièges de la route, bien boire, bien manger etc… On a de quoi faire. Et il faut toujours se remotiver.
Rester au Cannet-Rocheville jusqu’à tes 18 ans était capital pour ta progression avant de rejoindre, sans doute, une DN1 et la catégorie Espoir ?
Malgré les sollicitations, je voulais rester au Cannet-Rocheville jusqu’à la fin de mes années Junior. C’est une famille. Tout se passe bien avec le Président et le Bureau Directeur. Quand je vois l’ambiance qui règne dans certaines équipes où on m’a proposé de venir, ce n’est pas du tout comme chez nous. Je n’ai peut-être pas une équipe aussi forte, mais j’ai gagné le Tour PACA grâce à l’équipe qui a fait un super travail. Des fois je suis seul et je perds car je n’est pas été assez malin. Tout cela fait progresser. Les bons résultats arrivent aussi grâce à la tête, pas seulement avec le physique.
Tu ressens l’engouement autour de toi où chaque annonce de victoire sur Facebook provoque des centaines de « likes » ? Tu n’es pas n’importe qui dans le monde du vélo français…
Ca fait vraiment plaisir de voir autant de personnes me suivre car quand tu viens de la Côte d’Azur, on te prend souvent pour un mec qui va tout le temps à la plage l’été et qui fait du vélo de temps en temps. Je reçois des commentaires de personnes qui n’habitent pas du tout ici. Tout le monde m’encourage, c’est vraiment gentil. Ca ne me met pas plus de pression, au contraire. Ca donne encore plus envie de monter de niveau.
Quels sont tes objectifs à court et à long terme ?
Tout d’abord je veux bien terminer ma saison Junior. C’est très bien parti mais je veux encore mieux la finir. J’ai déjà des contacts pour 2015 mais mon choix n’est pas encore fait. Bien entendu, d’ici trois ou quatre ans, j’aimerai passer professionnel. Mais bon, il y en a tellement qui veulent montrer que eux aussi ont le niveau… Donc dans un premier temps, bien finir en Junior et bien commencer en Espoir. A partir de là je vais commencer à travailler en équipe car pour l’instant je n’en ai pas beaucoup eu l’occasion.
Beaucoup de monde te veut pour l’année prochaine, à quoi seras-tu attentif pour choisir ta future équipe ?
Tout d’abord je vais regarder le programme de courses. Je vais sortir de Junior, alors je ne veux pas courir 80 ou 90 jours de courses en 2015 pour ne pas me griller trop vite. Je veux une équipe qui va continuer à me former et pas m’exploiter pour marquer des points ou autre. Plein de détails seront pris en compte. Je vais faire attention à l’utilisation des plateaux aussi. J’utilise l »O’Symetric. C’est important pour moi par rapport au contre-la-montre. Je veux améliorer mes défauts comme mieux me placer dans un peloton. Je vais chercher aussi à améliorer ma pointe de vitesse. Sur des courses de niveau National j’ai plus de chances d’arriver à plusieurs que seul.
Jeudi tu vas participer au championnat d’Europe Junior du contre-la-montre en Suisse à Nyon. Tu es ambitieux ?
C’est un parcours de 28 kilomètres avec 250 mètres de dénivelé, ce qui est important. C’est long pour un contre-la-montre Junior. Il y aura deux Belges et un Italien qui s’annoncent redoutables. On verra le jour de l’épreuve. Je vais bien me préparer et si tout se passe bien, monter sur le podium sera une bonne surprise. Mais tout le monde sera très fort. Je serais satisfait de ma course par rapport à ma place. Je ne me fixe pas de temps en particulier. Je pense que le podium est réalisable.
Tu seras attentif au Tour de France tout au long de ce moins de juillet ?
Je vais le suivre au maximum. Les premières étapes de plats ne sont pas toujours les plus intéressante mais ça frotte beaucoup et il y aura les pavés aussi. J’aime regarder comment ça se passe pour remettre mes observations en place en course. J’utilise certaines choses. C’est très instructif.
Et les études dans tout ça ?
Je viens d’avoir mon BAC S. J’ai décidé de mes lancer dans les cours par correspondance depuis deux ans. Mon lycée ne voulait pas aménager mes horaires. C’est important de faire des études car on ne sait jamais où le vélo peut mener. Ce n’est jamais facile de travailler tout seul à la maison, mais comme dans le vélo, je fais ce qu’il faut pour réussir.
(Crédit photo : Albert Culiez)
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