Finaliste la semaine dernière à Bressuire, Hugo Nys (A droite) vient de triompher à Veigy-Foncenex en battant en finale le Néerlandais Antal Van Der Dium (386e) sur le score de 6-4 6-3 en 1h03′. Le début de l’envolée attendue ? Son coach, Guillaume Couillard (A gauche) y croit fortement.
Guillaume, quel début de saison pour Hugo ! Il semble vite s’être adapté à sa nouvelle raquette. A quoi attribues-tu cette réussite ?
Le changement de raquette reste presque anecdotique, ce n’est pas incroyable… Nouvelle raquette, nouveau sponsor… Mais ça peut aider à avoir un nouveau départ. Je pense que ses résultats sont plutôt dans la continuité du travail fourni depuis des mois, depuis qu’il est à Monaco (Novembre 2013 ; ndlr). Ce n’est pas évident car on lui demande de faire évoluer son jeu. Alors il y a des hauts et des bas, c’est la force des choses. Là, il est en haut, mais le principal c’est d’y être le plus longtemps possible. Je le crois motivé, je le sens bien. Il a bien compris qu’il devait faire encore plus d’efforts, s’entraîner encore plus dur. Il faut être motivé au maximum chaque semaine. On voit souvent que ceux qui vont au bout des tournois sont ceux qui ont le plus la niaque et la hargne en début de semaine. Ça ne m’étonne pas qu’il gagne des tournois (Nys vient de remporter son sixième titre professionnel en simple depuis le début de sa carrière ; ndlr), mais il faut enchaîner, tout le temps.
Il y a un an et demi en Turquie, il avait fait mieux en gagnant, de suite, deux 10.000$. Mais par la suite, il n’y avait pas forcément eu une continuité de haut niveau (433e mondial fin 2014 et 485e fin 2015). Pourquoi, cette fois, à bientôt 25 ans, est-il plus en mesure de confirmer ?
C’est l’état d’esprit je pense. Mais je préfère ses victoires maintenant plutôt qu’en 2014. Il a battu des joueurs de meilleure qualité. La semaine dernière, à Bressuire, il a fait de bons matchs contre des gars qui ont techniquement plus de valeur. Là, il est en train de prendre du plomb dans la tête. Une certaine maturité est en train de se faire… Et puis il entre dans une catégorie d’âge où il a plus d’expérience par rapport à pas mal de joueurs qu’il peut rencontrer. Il est en train d’assumer son rôle de favori sur certains matchs. Il se met dans la peau du favori. Ce n’était pas toujours le cas avant. Là, en finale, il joue contre un joueur mieux classé que lui, mais dans la tête il sait que ça va déprendre en grande partie de lui. Il l’a compris et assume. Cela ne veut pas dire que ça va passer à chaque fois, mais comme souvent c’est mentalement que la différence se fait.
Après sa tournée en Asie et les challengers où il a très peu joué, ajournant même son voyage pour finalement aller à Bressuire, il nous expliquait que, s’entraîner au quotidien face à des joueurs d’un bien meilleur niveau, était très instructif…
Aussi oui. Il s’est entraîné là bas contre de bons joueurs qu’il ne connaissait pas : ça change. Et puis, les entraînements, il les a préparé comme si c’était de vrais matchs. Et là-bas il n’y avait que des joueurs mieux classés, des mecs comme Mikhail Youzhny. Alors on prend exemple sur ces joueurs-là. On regarde comment ça bosse, comment ça se comporte, comment ça s’entraîne… Et quand tu joues les entraînements comme de vrais matchs, ça fait du bien.
Aujourd’hui 508e mondial, il va remonter vers la 450e place le lundi 8 février. Qu’allez-vous faire ? Repartir au charbon en qualifications de challengers ou tenter, en futurs, de grappiller encore ?
On en reparlera ensemble… Là il va se reposer et couper deux ou trois jours puis revenir pour s’entraîner. Il reprendra logiquement sur un 25.000$ en Suisse la semaine du 15 février. Mais là c’est du repos et des soins pour deux ou trois douleurs. Il vient de jouer treize matchs de simple en deux semaines et quelques doubles (4 matchs ; ndlr) et puis il venait de rentrer d’Asie. Fatigue, décalage horaire etc… Une petite coupure avec la compétition donc. Nous allons mettre l’accent sur le physique. La suite ? On verra… On va aussi continuer les futurs pour prendre des ponts etc… Mais le but est d’aller de plus en plus sur les challengers. En début d’année c’était complexe : c’était très fort. En faîte, les qualifications des ATP 250 et 500 ont changé. Avant, il y avait 32 garçons en qualifications, c’était ouvert, tu pouvais signer jusqu’au vendredi soir. Cette année – c’est ce qui nous a surpris en Asie – il faut s’inscrire trois semaines en avance et il n’y a plus que 16 joueurs en qualifications des ATP. Du coup, tous les autres basculent en challenger et c’est plus dur d’aller en qualifications. Lors du premier tournoi à Bangkok je n’avais jamais vu ça : quarante joueurs classés ne sont pas rentrés. Ça change la donne…
Confiant ?
Je ne doute pas du tout de sa motivation. Le but est de réussir à accepter de changer son jeu, le faire évoluer, aller vers l’avant, de plus en plus. Il faut, pour terminer, qu’il soit conscient de ses qualités, ce qui n’est pas forcément le cas. Il doit comprendre ce qu’il est capable de faire.
(Crédit photo : Cyn’ Photography / Hugo Nys)
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