Après une saison 2015 gâchée par deux blessures qu’elle a trop longtemps traîné, Clara Froget – Ici à droite aux côtés de l’ancienne n°1 mondiale Caroline Wozniacki – est de retour ce week-end en Martinique. Son coach voit ici un tournant.
« On a perdu huit mois… » Pour www.magsport06.fr, Florian Valsot, entraîneur d’une des pépites du tennis féminin français, Clara Froget, est à la recherche du temps perdu. Début mai, elle a disputé et gagné, grâce à une wild-card, alors qu’elle n’avait encore que 14 ans, le premier tour des qualifications du 100.000$ de Cagnes-sur-Mer. Un succès qui a fait beaucoup parler à l’époque mais qui sera suivi d’un forfait au deuxième tour. Une blessure aux abdominaux que Froget a senti pendant le match, tout en refusant de rendre les armes mais qu’elle a donc agravé. « Elle a voulu continuer ce qui montre un tempérament magnifique. Mais la déchirure était bien là lorsqu’elle a passé les examens. » Après deux mois d’arrêt, elle va revenir début juillet sur un tournoi Junior, un Grade 4, en Belgique. Après avoir passé le premier tour en trois sets, rebelote, un nouveau forfait pour le second tour. Cette fois, il faut faire face à une déchirure au quadriceps. « C’est beaucoup plus rare… », confie Valsot. Frojet ne reviendra à la compétition que fin octobre, au Maroc. De trop longues périodes d’absence qui l’ont poussé vers une remise en question. « Le plus important quand on est blessé, c’est de savoir quoi faire pour ne pas reproduire ces situations à l’avenir. Se focaliser dessus. A cet âge, on travaille énormément avec elle pour consolider l’avenir et son niveau de jeu. Alors, même déjà après sa première blessure, on a fait un point sur son alimentation et son mode de vie : il y a beaucoup de choses à améliorer. Ce qui a été dur, c’est donc qu’une deuxième blessure l’a écarté des terrains. Ça, c’est très dur. Quand tu réussi à revenir et que tu rechutes. L’élan est encore une fois coupé. »
Un physique à préserver
Froget a donc travaillé à comprendre et à assimiler la quantité de sommeil dont elle a besoin pour la respecter. Un nombre d’heures qui varie selon chaque individu et qui donc peut permettre de gagner du terrain dans beaucoup de domaines lorsqu’il est compris. « Elle a réfléchi à son mode d’alimentation. Le midi, quand tu es au lycée, avant d’aller à l’entraînement, tu ne peux plus te permettre de prendre ta formule à la Brioche Dorée. Tu prépares ton plat pour avoir une alimentation saine entre midi et deux. Il faut malheureusement pour certaines personnes attendre qu’elles soient dans la difficulté pour voir les erreurs. C’est son cas, elle a compris. Cela permettra d’avantage éviter les blessures maintenant en ne reproduisant pas les mêmes erreurs. Dans les moments de blessure, il faut toujours positiver et voir que les grands joueurs, ceux qui ont une grande et longue carrière, sont finalement très peu blessés. De plus, Clara est d’une constitution assez atypique : elle n’est pas très grande et assez frêle. »
Avant de plonger dans sa préparation du mois de décembre, Froget, accompagnée de son coach, a passé un mois au Maroc pour y disputer un Junior et trois Seniors. Des résultats, il fallait le prévoir après autant d’inactivité, très moyens. Malgré une remise en route lors du Junior grâce à un quart de finale, elle n’a pas du tout concrétisé en ne gagnant pas le moindre match lors des tournois Seniors. « Clara est toujours une compétitrice : aucun problème à ce niveau-là. Elle a très vite été dans un esprit de compétition. Ce qui aurait pu jouer en sa faveur c’est que chez les filles, sur les 10.000$ et même les 25.000$, on peut jouer au premier tour des filles qui n’ont pas un niveau très élevé et donc passer des matches pas très durs. En l’occurrence, ce n’était pas forcément dur, même largement à sa portée, notamment le dernier match où elle perd 5-7 au troisième set où sur d’autres rencontres où elle a un break d’avance sur chaque set, mais ce qui lui a clairement manqué, c’est du rythme. » Et oui, on peut avoir du talent, mais lorsqu’on ne joue pas, il faut du temps. Elle apprend.
La préparation a débuté dans la foulée en décembre avec un gros travail au niveau de la préparation physique. Malheureusement, la semaine dernière, la Niçoise a été ralentie dans son travail pendant plusieurs jours en raison d’un problème au genou. « Une semaine d’arrêt, ce n’est pas très grave, mais quand on est dans une recherche de gain de temps, une semaine c’est beaucoup. » Sa saison, elle va la débuter maintenant, par une tournée de trois semaines encadrée par la FFT – à la seule condition que les coaches personnels ne soient pas du voyage – avec un 10.000$ à Fort-de-France en Martinique puis deux autres 10.000$ en Guadeloupe à Petit-Bourg et à Saint-Martin. « Puisqu’elle est l’une des meilleures dans sa catégorie, la Fédé lui propose des tournois. Bien évident, trois tournois là-bas quasiment tout frais payés, elle accepte et remercie la Fédé. Il y a beaucoup de points positifs : financièrement c’est intéressant, c’est une très belle expérience et c’est l’occasion de renter dans le classement WTA. »
Rapidement jouer les meilleures
Pour intégrer le classement professionnel féminin, il faut décrocher un point minimum sur trois tournois différents. Elle en possède déjà un grâce au premier tour passé en qualification du 100.000$ de Cagnes-sur-Mer. Ainsi, si elle passe le premier tour de deux des trois 10.000$ en janvier, elle remplira le contrat pour intégrer, à seulement 15 ans, la WTA. C’est tout l’intérêt de cette tournée qui va décider de beaucoup de choses donc dans la suite de sa saison. « Ça change tout ! Avec un classement à la WTA, tu n’es plus obligé, selon ma façon de faire, d’aller de taper des 10.000$ au Maroc par exemple. Tu peux t’inscrire aux qualifications de 75.000$ par exemple. La programmation est carrément différente. Et puis puisque la FFT est en partenariat avec d’autres pays, il est plus simple, en ayant un classement, de participer à de gros tournois. Le but n’est pas de grappiller cinquante places ic et là mais de vite jouer contre les meilleures. Elle a très bien joué durant la préparation, alors je suis assez confiant. Donc voilà l’objectif. On sait très bien que, lorsque tu joues des qualifications en 75.000$, tu joueras des filles bien plus fortes qu’en tableau sur un 10.000$. Mais justement, j’ai comme état d’esprit de ne pas regarder le classement de la fille contre qui on joue. Il faut affronter les meilleures pour progresser. Bien entendu, on respecte toutes les joueuses, mais le but est d’être confronté rapidement aux meilleures. » Une question de temps…
(Crédit photo : Clara Froget)
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