Si bien entendu la lutte du virus occupe les esprits, il faut aussi réfléchir à l’après et à l’intégrité physique des joueurs. Comment gérer une situation exceptionnelle et inconnue ?
Nous vous avons récemment exposé nos cinq idées, plus ou moins réalistes, pour trouver une issue aux saisons des sports collectifs lorsque le Covid 19 aura filé à l’anglaise. En attendant, dans un flou totale et même si, bien entendu, la crise sanitaire que nous traversons prévaut sur tout, il n’est pas inhumain ni irrespectueux et encore moins déplacé de réfléchir au sportif.
Pour les entraîneurs, notamment au niveau amateur, l’interrogation est la plus totale sur l’attitude à adopter… en attendant. Une chose est certaine, si les joueuses et joueurs coupent complètement, ce qui serait aussi légitime quand on sait que toutes les installations sportives sont fermées et que pour beaucoup, il faut gérer les enfants à la maison, la reprise risque d’être terrible. De plus, l’évolution du nombre de cas positifs et des décès, continue de suivre dangereusement la roue de l’Italie. Ainsi, il se murmure de plus en plus qu’un confinement général sera bientôt décrété, peut-être dès ce lundi soir. Nous avons échangé avec de nombreux entraîneurs et tous ont le même discours. Il ne faudra pas, si une issue positive sort de l’ombre de cette situation, que les Fédérations, Ligues et Comités évoquent brutalement une reprise.
Il sera nécessaire, à minima, de laisser deux à trois semaines de préparation physique pour éviter ce qui risque d’arriver : une pluie de graves blessures. « On ne pourra pas nous passer un coup de fil le lundi soir après une réunion pour nous dire que dès le samedi suivant ça reprend. Imaginez de graves blessures en mai ou juin ? Des équipes risque d’être amputées d’éléments et dès septembre la saison reprenait ? Non c’est impossible. » Car n’oublions pas que si des championnats sont presque terminés, nous prenons souvent l’exemple de la Poule A de N2F de volley-ball où il reste neuf journées à disputer. « En attendant que la situation évolue, j’aimerai que mes joueuses surmontent leur peur du virus », nous explique un entraîneur. « On pourrait essayer de se retrouver quelque part en extérieur tout en appliquant strictement les consignes. »
Un autre coach, qui est en train de jouer une montée en division supérieure, n’est pas plus avancé. « Honnêtement pour le moment on a pas encore pu discuter avec l’équipe. Tout va si vite. Moi-même je suis en recherche de solutions car mes deux enfants n’ont plus école… » Et un autre de confier, « je ne sais même pas si les pistes vont être ouvertes. On va faire un point mercredi. » Bien entendu, la communauté prévaut. Tout, ou presque, passe au second plan. Mais les coachs, qui sont aussi mères ou pères de famille, veulent conserver un orteil à la salle. Un peu de quotidien, celui qui les animent depuis des années. Un entraîneur / joueur sait parfaitement que l’équilibre est difficile à trouver : « La reprise risque d’être rude, il en va de la responsabilité de chacun donc même les sportifs doivent se limiter dans leur activité. A eux de trouver des solutions pour se maintenir en forme à domicile même si c’est compliqué. »
Ne pas tomber dans la psychose qui enrobe l’hexagone est tout aussi vital. Oui, la santé de tous est plus importante que de jouer ou non. Mais lorsqu’il faudra remettre ses baskets, il ne faudra pas faire n’importe quoi car la santé physique d’un sportif, bien que différente du virus qui circule actuellement, n’est pas à négliger. Il en vient aussi du bien commun et d’une question de santé public. Imaginez une décision prise dans les bureaux qui consisterait à envoyer au charbon des milliers de sportifs amateurs à boucler hâtivement leur championnat à coup de cinq, six ou huit journées en un mois pour refermer le livre avant juillet ? Et cela, hormis un entretien physique sommaire entre quatre murs, sans activité sportive digne de ce nom.
Comment établir un équilibre ? Comme ne pas se couper des réalités sportives tout en étant au respect stricte des consignes gouvernementales ? « Je suis actuellement en train de travailler sur un petit programme d’entretien pour mon équipe. Il en vient à la responsabilité de chacun de le suivre ou non », conclu un coach. D’aucun peut estimer que nos intégrations sont trop hâtives. Qu’il faut du temps. Que rien d’autre que le combat du virus ne doit occuper notre esprit. Mais afin de garder un pied sur terre et réfléchir aussi à la suite pour ne pas se retrouver devant un mur, prenons les devants. « J’espère que ça ne durera pas une éternité pour pouvoir revenir rapidement sur les terrains », confie un éducateur. Pour le moment, on en prend pas le chemin… En attendant, fleurissent sur les réseaux sociaux des photos de rassemblement d’à peine une dizaine de beacheurs sur nos plages maralpines.
Mais quand on voit que l’Autriche vient d’interdire les rassemblements de plus de cinq personnes sur son territoire, la France vit peut-être ses dernières heures avant que Fifa et 2k ne deviennent une nouvelle drogue de substitution.
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