Un grand nom du volley azuréen quitte la scène. A 45 ans, Frédéric Bigler, après avoir joué plusieurs années à Mougins et Mandelieu, s’arrête. Retour sur sa riche carrière.
Frédéric, tu as 45 ans, alors pourquoi arrêtes-tu maintenant et pas il y a quelques années ou dans un ou deux ans ?
Jusqu’à présent ma santé physique me permettait de continuer sans trop de problèmes et de douleurs. En tant que libéro, depuis ma blessure au tendon de l’année dernière, c’est moins éprouvant physiquement. Je pense que mon expérience a permis de stabiliser l’équipe en réception, en défense et d’apporter un plus techniquement. De plus, l’ambiance au sein de l’équipe est excellente et je crois que nous nous apprécions tous donc aucune raison d’arrêter avant. J’arrête aujourd’hui car j’ai des douleurs au dos – j’ai été opéré il y quatre ans – qui deviennent persistantes ainsi qu’une hanche douloureuse. Donc c’est l’heure pour moi. Ce n’était pas planifié en début de saison et je pensais faire une année de plus. Mais la douleur est trop présente.
Terminer sur une saison aboutie, contrairement à la saison passée où tu étais blessé et où l’équipe a très mal terminé, doit être appréciable et on a pas l’impression d’avoir fait la saison de trop ?
Absolument. Même si le regret principal reste de n’avoir pas pu être au complet pour les principaux matchs importants contre Cannes au retour et face à Riom-Cebazat les deux matchs. Du coup je suis persuadé que nous aurions pu finir encore plus haut sans toutes ces blessures et absences.
Revenons à ta carrière. En terme de division, la Ligue B reste ton point d’orgue ?
Oui. J’ai eu la chance de vivre deux montées en deuxième division. Une avec Castres en 1995 et une avec Monaco en 1998 où j’ai passé cinq belles années. J’ai également joué deux ans en Nationale 1 à Fréjus et trois ans en Nationale 2 à Toulouse.
Comment, mentalement, a évolué ta carrière, de petit nouveau à Toulouse chez les seniors à homme d’expérience à Mougins puis à Mandelieu ?
A Toulouse on peut dire que j’étais en apprentissage. La première année au TOAC en Nationale 2, j’ai très peu joué. Des joueurs plus expérimentés étaient en place. L’année suivante, je suis parti dans l’autre club toulousain de l’époque, le TUC, où là j’avais beaucoup de temps de jeu et où j’ai fait mes armes de réceptionneur/attaquant. Avec le TUC nous sommes montés en Nationale 2 et j’en garde d’excellents souvenirs car nous étions tous étudiants mais assidus aux entraînements comme des « pro ». Il fallait vraiment avoir 40° de fièvre pour manquer un entrainement.
La suite ?
Après la fusion TOAC/TUC, je suis parti à Castres et j’ai retrouvé cette implication dans un club mieux structuré, avec des moyens plus importants et très ambitieux. J’ai le sentiment que cette assiduité et ce sérieux se sont un peu perdus au fil des années auprès de mes partenaires de jeu en particulier ces dernières années à Mougins et à Mandelieu. C’est un peu dommage. Quant à mon rôle sur le terrain, il a forcément évolué avec l’âge avec presque un rôle de « bon père de famille » vers la fin afin d’essayer d’accompagner les plus jeunes et de leur transmettre un peu de mon expérience.
Le jeu a du fondamentalement changer en près de trois décennies ?
Clairement. Il y a désormais une dimension physique indéniable dans le volley actuel. Il y a vingt-cinq ans un petit comme moi – 185 cm – pouvait évoluer jusqu’en Ligue B voir Ligue A pour les meilleurs. Désormais c’est impensable tellement le jeu prend de l’altitude. Les garçons – et les filles – sont très athlétiques. Et paradoxalement je trouve qu’il y a un appauvrissement technique en raison sans doute d’une hyper-spécialisation. En particulier depuis l’apparition du libéro. Au début de ma carrière un central pouvait réceptionner, défendre et savait faire une passe propre. Ce n’est plus forcément le cas aujourd’hui. Je trouve également que le jeu s’appauvrit en Nationale avec de moins en moins de combinaisons et un jeu asse stéréotypé. Sauf à très haut niveau avec l’utilisation des attaques aux trois mètres qui remplacent avantageusement notre bon vieux « piston » ou « exter/intervalle » de l’époque.
Les jeunes d’aujourd’hui sont-ils les jeunes que tu as pu cotoyer au début de ta carrière ?
Je crois que nous ne sommes finalement pas si différents. Comme je l’ai dit plus haut ce qui a changé surtout c’est l’implication aux entraînements et l’assiduité. Il y avait dans les années 80-90 une forme d’engagement moral à faire partie d’une équipe, une solidarité plus forte. Aujourd’hui, nous sommes plus consommateur de moments. La société actuelle fonctionne comme cela.
Quelle va être désormais ta relation avec le volley ? Dirigeant ? Coach etc… ?
Je ne sais pas encore. Je vais me soigner et puis je verrai plus tard. Je traînerai sans doute vers Mandelieu pour peut-être donner un coup de main à Jean-Chris Donzion s’il en a besoin. Et puis un de mes enfants joue au volley à l’AS Cannes, alors je sentirai encore un peu l’odeur des gymnases pendant quelques années.
Un dernier mot ?
Un grand merci à ma sœur et mon beau-frère qui m’ont initié au volley quand j’avais 15 ans du côté de Montauban dans la région toulousaine et sans qui je n’aurai pas connu ces belles aventures. Je garde des supers souvenirs de toutes ces années. Cela m’a permis de rencontrer des gens formidables dont certains resteront des amis proches.
(Crédit photo : lfrphoto par Manu)
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