N°1 mondial Junior en 2007, Jonathan Eysseric n’a jamais atteint le top 200 en Senior (202e). Depuis un mois, l’Azuréen joue très bien, le résultat d’un virage dans sa carrière.
La vérité, rien que la vérité. Samedi soir, quelques heures la victoire de Thiemo De Bakker en demi-finale du Challenger de Bordeaux face à Jonathan Eysseric, nous contactons Didier Lanne pour un résumé de la semaine de celui qui, nous apprend l’entraîneur, est désormais son ex-joueur. Nous apprenons sans le vouloir que les deux hommes, il y a quelques semaines, ont cessé leur collaboration. Pourtant, cet hiver, Lanne avait grandement été mis en avant par Eysseric lorsque ce dernier avait ouvert une cagnotte sur Leetchi.com avec un objectif : réunir un maximum d’argent pour que Lanne l’accompagne le plus possible sur le circuit. Mais, courant avril, la météo a changé. Le début de saison sans coup d’éclat du joueur ayant sans doute amené quelques nuages à survoler leur relation professionnelle. Eysseric sortant même du top 300.
La suite, c’est Jean-René Lisnard, entraîneur à l’ASLM Cannes Garden, qui nous la ranconte. « Jonathan m’a contacté il y a sept semaines à peu près. Il voulait me voir pour savoir si nous pouvions travailler ensemble », explique l’ancien joueur de Monaco en Coupe Davis à www.magsport06.fr. « La discussion a eu lieu et nous sommes partis sur une collaboration. » Et, comme par magie, depuis, Eysseric impressionne. Tout d’abord, fin avril, il a réalisé un très beau doublé sur le 15.000$+H d’Angers : simple et double. Puis, sur les Challengers d’Aix et de Bordeaux, en sortant à chaque fois des qualifications, il a atteint respectivement les quarts et les demi-finales du simple, en s’offrant en Gironde le 52e mondial Stakhovsky et le 105e Gombos. Grâce ses résultats, Eysseric vient de gagner plus de 50 places à l’ATP, le voici 243e.
« Tout le mérite lui revient. Mon seul rôle a été dans le remettre dans le droit chemin, de lui redonner le goût à se déchirer et à aller chercher les victoires », narre son nouveau coach. « Globalement, on a beaucoup travaillé sur l’état d’esprit. En effet, avec les tournois, le temps de travail est réduit, mais avec un joueur comme lui, qui a du tennis dans la raquette, qui sait jouer, il faut les valeurs qui font encore mieux jouer. » Et pour le moment, cette phase de restructuration mentale fonctionne. Aujourd’hui, la question qui brûle toutes les lèvres est la suivante : cette embellie va t-elle durer ? Et oui. Car ce n’est pas première fois que le Grassois accélère sur une courte période. Il faut dire également que plusieurs blessures, notamment au poignet, ne l’ont pas aidé à perdurer.
En effet, on ne devient pas, en 2007, n°1 mondial Junior par hasard. Mais chez les grands, Eysseric, qui n’est aujourd’hui plus un espoir du haut de ses 25 ans qu’il fêtera dans quelques jours, n’a jamais fait mieux que le 202e rang, à l’été 2013. « Il faut que cela continue afin de décrocher un classement qu’il devrait avoir en étant plus régulier. La saison est encore longue et sa carrière aussi. Il possède de belles années devant lui. Maintenant, il faut malgré tout perdre le moins de temps possible. On a déjà commencé à travailler autre chose que le mental, mais si tu n’as pas ça, il ne sert à rien d’en parler. Il faut faire les choses dans l’ordre. Les débuts sont bons et encourageants. » En simple, on retrouvera Eysseric sur les courts le lundi 1er juin sur un Challenger mais où ? Trois choix s’offrent à lui : la République-Tchèque, l’Allemagne ou l’Italie. Puis ce sera, toujours sur Challenger, Moscou, Blois et enfin les qualifications de Wimbledon.
En effet, avec son nouveau classement, Eysseric fera, sauf catastrophe, les qualifications du plus prestigieux tournoi du monde. L’ancien, ne lui a pas permis de les disputer à Roland Garros et, malgré ses récents résultats, aucune wild-card ne lui a été décernée. Aucun scandale pour Lisnard qui voit davantage dans ce choix de la FFT, une source de motivation supplémentaire. « C’est un peu normal. Il a commencé à avoir des résultats un mois avant Roland. Il aurait pu l’avoir, mais à lui de se bouger pour rentrer avec son classement et ne rien devoir à personne. Il jouera malgré tout le double à Roland. » Une chose est certaine, Lisnard n’est pas là pour surprotéger Eysseric qui l’a peut-être trop été durant sa jeunesse. Enfin le franchissement du cap ?
(Crédit photo : Simon Gouté)
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